000 U38LMLe roi du Maroc est actuellement en déplacement officiel aux Emirats arabes unis. Sa tournée dans la région l’amènera ensuite au Qatar pour une visite qui s’étalera sur plusieurs jours. Alors que la crise dans le Golfe s’installe dans la durée, Rabat souhaite-elle user de son influence pour jouer les médiateurs ?

Au cours de son règne qui va bientôt fêter ses vingt ans, le roi Mohamed VI a pendant longtemps privilégié une posture de retrait sur la scène internationale. Souvent absent des grands rendez-vous multilatéraux où il préférait envoyer son frère ou le chef de gouvernement, cette situation a soudainement changé à l’orée des années 2010. Depuis cette date, le monarque est bien plus présent dans l’arène mondiale, multipliant les déplacements et renforçant la position de son pays dans les négociations.

5211073 6 5986 la commission qui a ordonne les 29bffe3c49d543d962afb1132794c3d0Samedi 4 novembre, l’Arabie Saoudite a vécu une mini-révolution de palais. Dernièrement propulsé au sommet de l’Etat, le jeune prince héritier a limogé des dizaines de hautes personnalités dans une opération « anti-corruption » inédite.

On connaissait l’impétueux Mohamed ben Salman déterminé à sortir son pays du conservatisme social, on découvre désormais le MBS (son surnom tiré de ses initiales) prêt à tout pour monopoliser les centres de pouvoir quitte à mettre en péril les fragiles équilibres au sein de la famille royale. Car ce qui se trame en Arabie Saoudite depuis samedi 4 novembre n’est, ni plus ni moins, qu’un coup de force destiné à liquider toute forme d’opposition en vue d’offrir au prince de trente-deux ans les pleins pouvoirs et de le hisser, dans un avenir relativement proche, à la tête de la couronne princière.

000 TO2UBLe maréchal Abdel Fettah al-Sissi effectue en ce moment une visite officielle en France. Déjà reçu par Emmanuel Macron, il a des entretiens prévus avec les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Même s’il est logique que la France traite avec l’ensemble des pays du monde, la situation tragique des droits de l’homme en Egypte pose tout de même de sérieuses questions quant au sens de ce déplacement. 

Le déjeuner de travail qu’a offert le président français à son homologue devait permettre, selon les termes de l’Elysée, « d'évoquer les sujets d'intérêts communs comme les crises régionales et la lutte contre le terrorisme, mais également la situation des droits de l'homme à laquelle la France est particulièrement attentive ». On aimerait croire le communiqué de la présidence française mais tout porte à croire que la question des libertés risque d’être le parent pauvre du voyage d’un chef d’Etat qui est arrivé au pouvoir suite à un coup d’Etat militaire.

photo fournie agence WAM montrant prince heritier Abou Dhabi Mohammed Zayed Al Nahyane president egyptien Abdel Fattah Sissi Abou Dhabi 3 2017 0 729 486Une campagne mondiale de boycott des Émirats arabes unis va simultanément être lancée dans différentes villes d’Europe occidentale. Débutant le 15 octobre, cette initiative vise à dénoncer les agissements des autorités d’Abou Dhabi considérés comme contraires aux droits de l’homme et menaçant l'équilibre régional.

L’information a été révélée il y a quelques semaines sur Twitter. Très actifs sur ce réseau social, plusieurs activistes du monde arabe ont décidé d’entreprendre une action d’envergure afin de dénoncer les agissements des dirigeants d’Abou Dhabi. En tête de leurs griefs se trouve la responsabilité de l’imposant émirat pétrolier dans ce qu’il est convenu d’appeler « la Contre-révolution » dans le monde arabe.

22195578 354016435037340 2560846778460065409 nVendredi 5 octobre, le prestigieux hôtel Meurice à Paris était l’hôte d’un colloque intitulé « Le Qatar et les coulisses des crises du Moyen-Orient ». S’étalant sur toute la journée et disposant d’importants moyens de traduction, l’événement était organisé par une structure totalement inconnue dirigée par un cercle d’activistes d’origine égyptienne.

Depuis la crise ouverte le 5 juin dans la région du Golfe, pas un jour ne passe sans que les puissants lobbies des deux camps ne s’activent pour rallier l’opinion mondiale à leur cause. Cible des efforts des différents protagonistes, l’Occident, et en premier lieu les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, est aujourd’hui le théâtre de l’offensive d’une myriade de boites de conseils et d’entreprises de relations publiques qui tentent d’approcher les élites politico-médiatiques pour leur servir leur vision du conflit. Mais si ce travail de diplomatie parallèle n’est pas l’apanage des pays du Golfe, il prend avec certains acteurs une proportion industrielle et peut, quand il n’est pas mené avec un minimum de prudence, se retourner contre ses propres initiateurs.

DKjrSDIW0AA5PvOLundi 25 septembre, le chef de la diplomatie qatarie a prononcé un discours à l’IFRI (Institut français des relations internationales) lors d'une conférence intitulée "The Gulf crisis : the view from Doha". Devant une assistance nombreuse, Mohamed ben Abderahmane al-Thani a rappelé avec force les principes qui guident la politique de son pays dans la crise qui l’oppose à ses voisins.

L’événement avait été annoncé quelques jours avant par l’IFRI sur son site internet ainsi que sur les réseaux sociaux. Pour la première fois depuis l’éclatement du conflit qui secoue les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le chef de la diplomatie de l’émirat gazier prenait le temps d’échanger pendant une heure et demi avec des journalistes et intellectuels à Paris. La séance était dirigée par Thierry de Montbrial, président de l'IFRI et membre de l'Académie des Sciences morales et politiques.

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