En plus de l’actualité politique, la nouvelle chaîne consacrera une tranche quotidienne de cinq heures aux informations économiques et financières, avec une page spéciale sur l’actualité économique saoudienne et ce, en collaboration avec le groupe américain Bloomberg LP. Il a conclu que la chaîne ne recevra aucune instruction des autorités de Riyad. Lors de cette conférence de presse, le prince al-Walid avait initialement annoncé que la chaîne sera lancée dès 2012 mais pour des raisons que l’on ignore, ce ne sera que trois ans plus tard qu’elle sera effectivement opérationnelle. C’est le Saoudien Jamal Khashoggi qui dirigera la nouvelle chaîne. Le budget de celle-ci n’a pas été dévoilé mais elle comptera 280 collaborateurs répartis dans 30 pays. Khashoggi a déclaré à l’AFP que la chaîne sera "objective" et que "nous n'allons pas prendre parti".
Al Jazeera dans l'oeil de mire
Dans un entretien accordé en janvier 2012, à la chaîne américaine CNN, le prince al-Walid a décrit Al Jazeera comme « la chaîne des masses » tout en laissant entendre qu’Al Arabiya est la « voie officielle du gouvernement » (comprenez le gouvernement saoudien), cette dernière incarnant un courant libéral-chrétien proche de Riyad et qui préfère se concentrer sur l’actualité économique et sociale plutôt que sur le débat politique contrairement à sa concurrente qatarie qui a fait du débat contradictoire traitant de sujets politiques sa marque de fabrique. Al Arab se situera, selon ben Talal, entre les deux principales chaînes d'information du Moyen-Orient. Il a déclaré que l’objectif de la chaîne est « de se positionner du point de vue du centre entre les deux réseaux ». Difficile d'y croire puisque, le 25 décembre dernier le prince al-Walid avait déclaré que « l’élection du président égyptien Abdelfattah al-Sissi mettra définitivement fin à l’organisation des Frères musulmans, et si Dieu le veut, mettra fin à ce mouvement qu’on appelle le printemps arabe ». A cela, on peut ajouter le licenciement, en août 2013 du célèbre prédicateur koweïtien Tarek al-Suwaidan, qui était directeur de la chaîne Ar-Risala (appartenant à ben Talal), pour avoir critiqué et condamné le coup d’Etat en Egypte. A la lumière de ces éléments, on peut en déduire que les positions d’Al Arab TV seront proches de celles de Riyad. Cet avis est partagé par Mohamed El Oifi, spécialiste des médias arabes, « la chaîne ne donnera la parole ni aux représentants de l’islam politique, notamment les Frères musulmans, ni aux opposants au régime saoudien ».
Afin de faire connaître Al Arab, la direction n’a pas lésiné sur les moyens. Des journalistes tels que Tarek Alaas, qui a quitté la chaîne britannique BBC Arabic ou encore Laila Al Shaikhli, ancienne présentatrice du JT d’Al Jazeera qui a présenté sa démission fin juin dernier. D’origine irakienne, la célèbre journaliste dotée d’une expérience de près de 25 ans dans les médias (BBC, MBC, Abu Dhabi et Al Jazeera) travaillait pour la chaîne qatarie depuis 2006. Elle a rejoint officiellement Al Arab le 18 juillet dernier.
Il n’est pas sans rappeler qu' Al Arab devra également faire face à la concurrence féroce de chaînes plus récentes comme Sky News Arabia, France 24 et la BBC en arabe ou encore Al Mayadeen et Al Alam qui jusqu’à ce jour, n'ont pas réussi à enlever de larges parts d'audience aux deux géants des médias arabes que sont Al Jazeera et Al Arabiya.