Les deux journalistes d'Al Jazeera English, le Canadien Mohamed Fahmy et l’Egyptien Bader Mohamed, emprisonnés durant 411 jours, ont été remis en liberté le 12 février dernier. Ils avaient été condamnés le 23 juin 2014, lors d’une parodie de procès à des peines de 7 à 10 ans de prison ferme pour « soutien au terrorisme », « diffusion de fausses informations », et « atteinte à la sécurité nationale ». La Cour de cassation avait annulé ces condamnations en janvier dernier et ordonné un nouveau procès, en précisant que la procédure initiale était marquée par des violations des droits de la défense. Libérés mais non innocentés, ils doivent se signaler tous les jours auprès d’un bureau de police.
Un troisième journaliste, l’Australien Peter Grest, qui avoir passé 400 jours en prison, a quitté l'Egypte le 1er février en vertu d’un décret présidentiel.
Ce procès des journalistes d'Al Jazeera English avait provoqué un tollé international et largement été relayé dans la presse anglophone. Ce fut pour les autorités égyptiennes autant un bras de fer avec le Qatar qu'une épineuse affaire qui avait sérieusement mis le régime égyptien dans l'embarras notamment suite aux violations de la liberté d’information critiquées par Amnesty internationale et Reporter sans frontière (RSF). “Nous exhortons le président Sissi à gracier les journalistes d’Al-Jazeera qui ne sont pas coupables des chefs d’accusation portés contre eux et qui exerçaient uniquement leur métier au moment de leur arrestation" avait déclaré il y a peu de temps Lucie Morillon, directrice des programmes de Reporters sans frontières.
La situation de la liberté de la presse est très inquiétante en Egypte qui est considérée comme l’une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes en 2014. Le pays figure à la 159e place sur 180 du Classement 2014 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.