Il a ajouté que « cela facilitera l’investissement, le financement d’entreprise , la promotion de liens commerciaux et économiques entre la Chine et la région. Cela ouvrira aussi la voie à une meilleure coopération financière et renforcera la place du Qatar en tant que centre financier régional.».
Cette banque de compensation a pour rôle de gérer toutes les étapes d'une transaction de change allant du moment où l'engagement est pris jusqu'à ce qu'il soit réglé, tout en réduisant les coûts et les délais de négociation.
Même son de cloche du côté chinois : «Le centre permettra d'améliorer la fluidité des transactions entre les entreprises de la région et la Chine en leur permettant d’installer leur commerce directement en yuan, ce qui augmentera les échanges commerciaux via le Qatar et le renforcement de la collaboration bilatérale et économique entre le Qatar et la Chine" a indiqué Jiang Jianqing, président de la Banque commerciale et industrielle de Chine (ICBC).
À l'heure actuelle, le Qatar à l’instar des autres pays du Golfe utilisent beaucoup plus le dollar américain que le yuan. L'essentiel des devises disponibles sont en dollar, et la majeure partie des énormes réserves financieres le sont également. De même, les exportations d'énergie vers la Chine sont principalement libellées selon la devise americaine, la monnaie de choix dans le commerce du pétrole et du gaz.
En dépit de cela, les importations non pétrolières du Golfe en provenance de Chine ont rapidement augmenté, et les banques commerciales auront la possibilité de faire appel au Centre de compensation du Qatar plutôt que de passer par une banque à Shanghai ou Hong Kong. Le total des échanges bilatéraux entre la Chine et le Qatar a triplé ces cinq dernières années et s’élèvent à environ 11,5 milliards de dollars.
En novembre dernier, les banques centrales des deux pays ont conclu un important accord sur les devises qui leur permettra d’échanger yuans et riyals pour un montant de près de 35 milliards de yuans (soit environ 5 milliards d’euros).
Ce virage asiatique a bien entendu un versant géopolitique. Le renforcement des relations économiques rime très souvent avec le support d’une consolidation des liens diplomatiques et il y a fort à parier que cet aspect compte dans l’analyse de l’équation stratégique que noue le Qatar avec les pays asiatiques. Membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, future première puissance économique de la planète et acteur de plus en plus influent tant sur le continent africain que dans l’espace proche-oriental, la Chine est un allié de choix. En établissant un lien privilégié dans le secteur hautement stratégique de l’énergie, Doha souhaite en faire un tremplin pour esquisser un rapprochement diplomatique qui lui permettrait de diversifier ses alliances. Même si l’émirat a délégué sa sécurité militaire à l’armée américaine, il ne souhaite pas s’enfermer dans une logique de mono-dépendance qui pourrait s’avérer préjudiciable.