Parmi les personnalités, la plus emblématique reste celle de Youssouf ben Abdallah al-Qaradawi considéré comme l'une des références idéologiques des Frères musulmans. Installé au Qatar depuis 1961, l’ouléma garde la confiance de la dynastie al-Thani, comme l’a démontré son accueil distingué que l’émir Tamim lui a offert il y a quelques jours lors d’une cérémonie en l’honneur de dignitaires religieux au moment de la rupture du jeûne (iftar). Certains internautes se sont interrogés notamment sur Twitter sur la pertinence d'une telle décision puisque al-Qaradawi était accueilli il y a encore quelques mois à Riyad par le roi Selmane et le grand mufti du royaume avec les égards. De même, il a obtenu au début des années 2000 la récompense de la "Personnalité islamique de l'année" dotée d'un million de dirhams émiriens qui lui avait été décernée par les mêmes autorités qui l'accusent de terrorisme aujourd'hui. Celles-ci ont donc opéré une volte face radicale et preuve de cette fixation sur le mouvement des Frères musulmans, les autres personnes visées par le nouveau décret font partie ou sont proches de la confrérie à l’instar des Libyens Ismail al-Sallabi, Abdel Hakim Belhadj ou Sadiq al-Gharyani.
Cette décision s'inscrit dans une forme de fuite en avant du front anti-Qatar qui se mobilise de plus en plus pour faire plier le petit émirat. Symbole de cette intransigeance, tout hôtel qui diffuserait, en Arabie Saoudite, le bouquet de la chaîne Al Jazeera se verra infliger une amende de 100 000 riyals. De même, les autorités émiriennes et saoudiennes ont annoncé que toute personne qui exprimerait publiquement de la sympathie pour le Qatar pourrait encourir une amende de 3 millions de riyals et une peine de prison pouvant aller jusqu'à 5 ans de prison... Avec cette succession de mesures, il va être extrêmement difficile de restaurer, dans un futur proche, la confiance entre les différentes monarchies du Golfe.