La famille al-Rasheed
Le Comité national des droits de l’Homme du Qatar (NHRC) a déclaré avoir reçu une plainte des parents de Nawaf Talal al-Rasheed qui ont perdu tout contact avec leur fils samedi soir alors qu'il était en déplacement au Koweït. La famille a exprimé sa profonde préoccupation. Selon les réseaux sociaux koweïtiens, al-Rasheed aurait été « attiré » au Koweït avant son arrestation puis transféré en Arabie Saoudite dans un lieu tenu secret.
Le communiqué précise que « cette détention arbitraire est considérée comme une violation flagrante des droits de l'homme que les autorités saoudiennes ont récemment commise à l’encontre d’autres citoyens qatariens ». De plus, « il a été arrêté sans aucune accusation connue, ni justification légale ». Inquiet pour sa survie, le Comité a indiqué qu'il tenait le gouvernement saoudien responsable de son état de santé.
Cette annonce a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, en particulier sur Twitter mais aussi dans la presse qatarie qui s’est vigoureusement attelée à relayer cette information. De même, de nombreux acteurs au Koweït ont condamné l'arrestation forcée d'un homme qui avait été accueilli dans la joie par une foule de Koweïtiens à son arrivée à l'aéroport. Dans un communiqué au ton acerbe, l'Association koweïtienne pour les droits de l'homme a considéré l'épisode comme un "enlèvement forcé" contraire à la Constitution et à toutes les dispositions internationales.
Al-Rasheed, qui vivait à Doha depuis des années, est le fils du poète saoudien Talal al-Rasheed, qui a été assassiné en Algérie en 2003. Sa famille a une longue histoire conflictuelle avec la famille royale saoudienne et ce, depuis des décennies. L'enlèvement de Nawaf al-Rasheed montre que le nom de sa tribu inquiète encore le clan al-Saoud qui continue de la voir comme une rivale capable de prétendre au trône de Riyad. Relayant cette lecture, la célèbre opposante et universitaire saoudienne basée à Londres, Madawi Al-Rasheed, a confirmé la détention d’al-Rasheed sur son compte Twitter.
Deuxième citoyen qatari arrêté
Le 21 avril dernier, un autre citoyen qatari âgé de 43 ans, Mohsen Saleh Saadoun al-Karbi a été arrêté sans justification à la frontière saoudo-yéménite, alors qu’il rendait visite à sa famille. Mais ce n’est que le 2 mai que sa disparition a été signalée par le NHRC.
Les médias saoudiens et émiriens l’accusent d’être un membre des services de renseignements qataris. Sa famille a formellement nié ces fausses allégations, en précisant qu’al-Karbi était à la retraite et n'avait jamais travaillé pour le gouvernement du Qatar.
Le NHRC a sollicité d'autres organisations de défense des droits de l'Homme à aider les familles des deux citoyens arrêtés afin d’établir un premier contact et à assurer leur libération sans condition.