Faillite et émission de chèques sans provision
Ses ennuis commencent en 2009 lorsqu’il reçoit la visite du frère de son sponsor qui aurait souhaité récupérer l’intégralité des parts de la société sans contrepartie financière. « J'étais estomaqué » déclare Jean-Pierre Marongiu dans un entretien avec le quotidien Le Parisien en 2013. Il poursuit : « En acceptant cela, je perdais tout, mon capital – 2,5 millions d’euros investis –, ma société, mes employés… Une escroquerie pure et simple ! Je ne savais pas à l'époque que mon associé ne faisait que ça, devenir sponsor de sociétés et, dès qu'elles marchent bien, se les approprier ».
M. Marongiu refuse alors ce diktat et perd tout ce qu’il a investi. Sans le prévenir, le sponsor aurait vidé tous les comptes. Les fournisseurs qui ne peuvent plus encaisser les chèques de la société, portent plainte. Sa société en faillite, il est alors accusé d’émission de chèques en bois. Dans les pays du Golfe, les chèques sans provision sont très sévèrement punis. Débute alors son long calvaire qui le verra croupir dans les geôles de l’émirat pendant des années.
Car il est impossible de quitter le Qatar pour les travailleurs étrangers, sans un « exit visa », délivré par le sponsor. Se sentant pris au piège, Jean-Pierre Marongiu décide de quitter le pays clandestinement et prend la direction de Bahreïn. Ne possédant pas les documents nécessaires pour rentrer en France, il est immédiatement renvoyé à Doha. Quelques mois plus tard, il est condamné en septembre 2013 à purger sept ans de prison pour « escroquerie » sans remise de peine possible. Pour dénoncer sa détention qu’il considère comme « arbitraire » et ses conditions de détention, l’entrepreneur entame plusieurs grèves de la faim dont une en juin 2017. Selon son avocate, « il était enfermé dans une cellule de 10 m² qu’il partageait avec 13 détenus, à l’intérieur d’une prison où se côtoient des membres de l’organisation Etat islamique. »
La diplomatie française accusée d’inaction dans ce dossier
Pour maître Abitbol, l’ambassade de France au Qatar ainsi que le ministère français des Affaires étrangères se sont détournés du dossier. A titre d’exemple, elle rappelle que l’ambassadeur basé à Doha n’a que très rarement rendu visite à Marongiu. Contacté par RFI, le Quai d'Orsay dément catégoriquement: « M. Marongiu bénéficie de la protection consulaire prévue pour les détenus. Notre ambassade est en relation étroite avec l’administration pénitentiaire locale et notre compatriote reçoit des visites consulaires régulières. La dernière visite, effectuée le 4 juillet, a permis de constater que M. Marongiu était en bonne santé ».
Nul doute que la visite de l’émir du Qatar en France entamée le 4 juillet par un déplacement à la base aérienne de Mont de Marsan où sont basés les Rafales achetés par l’émirat a accéléré sa mise en liberté. Un véritable soulagement pour l’homme et sa famille qui peuvent désormais penser à repartir de l’avant.