Relations renforcées entre le Maroc et le Conseil de coopération du Golfe
Cette visite fait suite à celle que Mohamed VI a effectué au Bahrein où trois conventions de coopération bilatérale dans les domaines fiscal, religieux et judiciaire ont été signés. Il y a quelques jours, le souverain marocain avait participé en tant qu'invité d'honneur au sommet annuel des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) tenu à Riyad. Les relations entre le Maroc et les émirats du Golfe connaissent un regain d'interêt ces dernières années. Considéré comme un havre de paix et un pôle de stabilité, les monarchies pétrolières ont multiplié les investissements d'ampleur dans le royaume, notamment dans le domaine du tourisme. En 2014, les pays du CCG représentaient ainsi plus du tiers des investissements directes étrangers (IDE) dans le pays. Selon la fédération des chambres du CCG, cette tendance va fortement s'accentuer puisque "la valeur globale des IDE du Golfe devait atteindre 120 milliards de dollars sur la période 2015-2024".
Cette politique d'intensification des relations bilatérales plonge sa source dans des racines historiques. Depuis longtemps, le Maroc est considéré comme un allié naturel et un partenaire privilégié. Le fait que le pays soit doté d'un régime monarchique héréditaire n'est pas étranger à cette connivence. Depuis l'époque de Hassan II, le Maroc a ainsi entretenu de bonnes relations, notamment dans le domaine militaire et sécuritaire. Une bonne partie des forces de police des pays du CCG sont ainsi dotés d'importants effectifs marocains.
Partenariat stratégique Maroc/Qatar
De son côté, le Maroc cherche à réorienter une partie de sa politique étrangère. Déçu de son partenariat avec l'Occident et furieux de la prise de position récente de Ban Ki Moon qui a qualifié "d'occupation" l'annexion par le Maroc du Sahara occidental. Mohamed VI a multiplié ces derniers temps les déclarations fortes destinées à fustiger les contradictions et compromissions des pays du Nord. C'est dans le cadre de ce virage qui semble s'installer dans la durée qu'il faut interpréter la récente visite d'Etat du roi à Moscou ainsi que celle, prochaine, prévue en Chine.
Afin de ne plus dépendre des Occidentaux, le Maroc se tourne également vers l'Afrique. Mohamed VI a rendu visite à plusieurs pays du continent et réaffirmer la capacité du continent à poursuivre son développement en toute autonomie. C'est dans ce cadre qu'il faut également percevoir la visite à Doha. Depuis son arrivée au pouvoir, cheikh Tamim ainsi que plusieurs membres influents de la famille royale (dont l'ancien émir, Hamad ben Khalifa) se sont rendus au Maroc plusieurs fois. Signe des temps, l'un des fleurons de l'économie marocaine, la compagnie nationale Royal Air Maroc, est sur le point de conclure un accord qui permettra à Qatar Airways de prendre une grande partie de son capital. Sur un autre registre, l'émir du Qatar avait il y a quelques mois mené une visite privée à Ifrane au cours de laquelle il s'était pris en photo avec des badauds. Habillé selon la coutume locale, le cliché avait fait le tour des réseaux sociaux et symbolisé cet attrait du royaume pour les souverains du Golfe.