Le magistrat a précisé que les documents relatifs à la peine infligée aux six accusés seraient envoyés au grand mufti, le plus haut dirigeant religieux d’Égypte, pour examen. L’opinion du mufti n’est pas contraignante mais tout porte à croire qu'il s'exprimera en faveur de la condamnation eu égard à sa proximité avec la junte militaire au pouvoir. Les six personnes seront fixées sur leur peine le 18 juin. Le verdict concernant Morsi et quatre autre co-accusés dont son ancien secrétaire Amine al-Sirfi a été reporté à la même date.
Le directeur d’Al Jazeera, Yasser Abu Hilala, a déclaré que la chaîne rejetait les "allégations absurdes" selon lesquelles Ibrahim Mohammed Hilal et Alaa Omar Sablan auraient collaboré avec le gouvernement élu de Mohammed Morsi. Il a ajouté qu’il s’agissait d’une condamnation sans précédent à l’encontre de journalistes. La troisième journaliste, Asmaa Mohamed al-Khatib, âgée de 25 ans, travaillait pour le site d'information Rassd qui fut très actif sur les réseaux sociaux dans la dénonciation du coup d'Etat.
Les relations entre l'Egypte et le Qatar se sont détériorées depuis le 3 juillet 2013, lorsque l'armée a renversé et emprisonné Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu de l’histoire de l’Égypte. Il s'agit de son quatrième procès qui traîne depuis des années. L'ancien président égyptien a également été condamné à la peine capitale, à la prison à vie ainsi qu'à 20 années d'incarcération dans trois autres affaires. De plus, un autre procès est en cours d’examen "pour outrage à magistrat". Selon une source rapportée par les médias locaux, la Cour pénale du Caire a reporté l'audience qui vise l'ancien chef d'Etat et 24 autres accusés au 21 mai prochain.
Le Qatar a par ailleurs accordé l’asile à de nombreux membres égyptiens du parti déchu. Les organisations de défense de droits humains relaient régulièrement des alertes quant au non-respect très inquiétant des libertés publiques dans le pays depuis le Coup d’Etat fomenté par l’armée qui a porté au pouvoir le maréchal Abdel Fattah al-Sissi. La situation de la liberté de l’information est préoccupante, le pays figure à la 159e place sur 180 du Classement 2015 établi par Reporters sans frontières (RSF). L'ONG n'hésite pas à parler d'une “sissi-isation” des médias.