Les élections au Qatar ont lieu tous les 4 ans depuis 1999 pour former le « Conseil municipal central », composé de 29 conseillers municipaux élus au suffrage universel direct. Cette année, 118 qataris se sont porté candidats parmi lesquels cinq femmes. Jusqu’à ce jour, seule une femme a réussi à transformer l'essai en 2003. Il s’agit de Cheikha yusuf Hasan al-Jufairi, célèbre dans l'émirat du fait de cette réussite historique. Elle est la première femme à être élue à un conseil municipal dans un pays du Golfe. Depuis lors, Cheikha al-Jefairi s'est fait réélire à chaque élection.
Plus de 21.000 votants ont été enregistrés sur les listes électorales. Ces votants ne concernent que les citoyens qataris âgés de plus de 18 ans.
Un manque d'intérêt de la population autochtone
Le taux d'abstention est généralement assez élevé, preuve du manque d'implication d'une population qui reste peu habituée aux mécanismes de la démocratie directe. D'ailleurs, le nombre d'électeurs inscrits est en constante baisse depuis les premières élections. Cette année, on assiste à une baisse historique : moins 35% d'électeurs par rapport à 2011.
Deux raisons principales expliquent ce manque d’intérêt. Premièrement, le Conseil municipal central n'a qu'un pouvoir consultatif puisque sa principale fonction est de transmet ses recommandations et des rapports au ministère de la Municipalité. Lors de la dernière législature, seuls un tiers de ses requêtes ont été prises en compte par le ministère. C’est ce qui explique en partie que le Conseil municipal central est vu comme dépourvu d'intérêt pour la population. Pourtant, cette institution s’attèle activement sur des éléments très concrets qui touchent directement à la vie quotidienne des habitants : logement, transport, l’éducation, santé etc…
Deuxièmement, cela est aussi dû au re-découpage électoral initié en 2014 qui exigeait à ce que les électeurs s’inscrivent à nouveau sur les listes. Ce re-découpage, plus équilibré que l’ancien, tient compte du changement du paysage démographique du pays. Malgré ces modifications, ils étaient 70% à avoir pris le chemin des urnes sur les 21000 personnes inscrites.
Certaines voix s’élèvent en faveur d’un quota pour les femmes
Ces élections ont une portée symbolique qui dépasse largement le poids des urnes, notamment en ce qui concerne la participation des femmes, qui ont le droit d’éligibilité et de vote depuis le premier scrutin organisé en 1999. Pour pallier cet écart de représentation, de plus en plus de voix s'élèvent en faveur d'un quota de femmes.
Malgré cette faible représentation des femmes (5 sur 118 candidats), cheikha Yusuf Hasan al-Jufaïri et Fatma al-Kuwari ont été élues pour siéger parmi les 29 membres du Conseil municipal. "C'est la première fois que deux femmes sortent gagnantes d'un scrutin", a indiqué Majed Ibrahim al-Khulaifi, le directeur du bureau des élections.
Même si ce Conseil municipal n’est pourvu que d’un pouvoir consultatif, il reste néanmoins la voix de l'opinion publique et peut-être la seule voix qui puisse dire aux autorités quand quelque chose va mal.
La condition des femmes : une amélioration progressive
Une mise en contexte permet de comprendre l’évolution de la situation des femmes dans l’émirat. Sous la houlette de Cheikha Mozah (mère de l’actuel émir), une révolution silencieuse est en marche dans l’émirat. En quelques années, les progrès réalisés sont importants et témoignent du volontarisme des autorités à faire participer l’ensemble de la nation au développement du pays. C’est par l’éducation que la promotion du rôle de la femme se met en place. Depuis 1996 et le lancement du nouveau campus universitaire « Education city », les étudiantes sont progressivement de plus en plus nombreuses sur les bancs de l’université, jusqu’à devenir majoritaires dans certaines facultés. En 2003, le Qatar a été le premier pays du Golfe à nommer une femme ministre tandis que, la même année, la nouvelle constitution consacrait le droit de vote et d’éligibilité pour toutes les femmes qataries de plus de 18 ans.
Pour se rendre compte de l’amélioration du statut de la femme au Qatar, il faut établir une comparaison dans le temps et l’espace. Par rapport à leurs aînées, le sort des jeunes femmes autochtones est beaucoup plus avancé. Contrairement à leurs mères qui n’en avaient pas la possibilité, les femmes qataries peuvent aujourd’hui conduire, voter, étudier, exercer une profession ou même voyager à l’étranger. La proportion de femmes qataries dans la population active est également en constante augmentation. Ce statut est aussi à mettre en perspective avec l’islam dominant dans la région du Golfe, qui est fortement influencé par le wahhabisme saoudien.