Régulièrement accusé de financer le terrorisme djihadiste, le petit émirat se défend. Et politise volontiers les attaques dont il est l'objet.
Le Qatar est-il un des principaux financiers du terrorisme islamiste, comme l'affirment nombre de politiques français ? "Aucun gouvernement, aucune agence de renseignements ne disposent d'éléments de preuve concernant un financement d'activités terroristes par le Qatar", assure Meshaal al-Thani, l'ambassadeur de l'émirat en France. Même agacement du côté de l'émir Tamim ben Ahmad al-Thani, dont Le Point a joint le cabinet à Doha. "Nous sommes signataires de toutes les conventions contre le terrorisme. Il n'y a aucun double jeu. L'État islamique est un mouvement sans foi ni loi."
Qu'en est-il des accusations contenues dans le rapport du sous-secrétariat américain au Trésor publié en novembre 2014 ? Selon Washington, plusieurs soutiens du terrorisme ont travaillé pour le gouvernement du Qatar. "Il s'agissait d'individus vite repérés et rapidement exclus de toute structure gouvernementale", se défend-on à Doha. Le rapport évoque également la présence au Qatar de Khalid Cheikh Mohamed, le cerveau des attentats du 11 Septembre 2001. "Ce n'est pas un secret, mais c'était bien avant le 11 Septembre. C'est comme si on disait que les États-Unis soutiennent le terrorisme parce qu'ils aidaient Ben Laden à l'époque où il combattait les Russes en Afghanistan. C'est stupide", commente un conseiller de l'ambassadeur.
"Les sorties d'argent des particuliers sont très sévèrement contrôlées"
Il est bien difficile d'y voir clair. "Il n'y a aucune preuve que le Qatar finance l'État islamique", affirme l'arabisante Anne Giudicelli, du cabinet de conseil Terr(o)risc, spécialisé dans l'évaluation des risques terroristes. "L'ambiguïté repose, selon elle, sur la gestion de la zakat ["l'aumône légale", un des cinq piliers de l'islam, sorte d'impôt religieux, NDLR]. Il est difficile de reprocher à Doha les dons que font des particuliers à des associations caritatives qui parfois servent d'écran au financement du terrorisme." "Si cela a pu exister avant l'avènement de l'émir en 2013, aujourd'hui, les sorties d'argent des particuliers sont très sévèrement contrôlées", ajoute-t-on à l'ambassade.
Un propos confirmé par l'ancien officier de la DGSE Alain Chouet, qui affirme dans les colonnes du quotidien L'Orient-Le Jour que les États du Golfe ont cessé tout financement de mouvements armés depuis 2013. "Les médias français nous enferment dans une polémique sur le terrorisme stérile et dénuée de tout fondement, uniquement parce que nous avons de bonnes relations avec Nicolas Sarkozy. Nous sommes des victimes collatérales de l'anti-sarkozysme de la presse", éructe le responsable communication de la famille régnante.
Pour en finir avec l'accusation récurrente de financement de groupes salafistes violents, l'Arabie saoudite a, elle, décidé de faire transiter les dons caritatifs de ses sujets par un organisme onusien. Quant au Qatar, il a mis en place des partenariats entre ses institutions à vocation humanitaire et des ONG occidentales, qui sous-traitent certains de ses projets en Irak, au Soudan, au Pakistan ou dans les Territoires occupés. Suffisant pour convaincre les sceptiques ?
Lien de l'article : http://mobile.lepoint.fr/societe/le-qatar-se-dit-victime-de-l-anti-sarkozysme-28-04-2015-1924780_23.php#xtref=https
Pour compléter cet article, nous vous proposons une analyse publiée le 26 janvier par l'Observatoire du Qatar : "Le Qatar finance le terrorisme : vrai ou faux?" : http://www.observatoireduqatar.com/politique/item/295-le-qatar-finance-le-terrorisme-vrai-ou-faux