Le prince Mohamed ben Zayed a déclaré à la presse que "cette visite reflète la profondeur des liens fraternels qu’entretiennent les deux pays qui stimuleront le travail du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) vers une action plus cohérente".
Première visite depuis la crise de mars 2014
Il s’agit de la première visite de l'émir du Qatar chez son voisin depuis la crise du rappel des ambassadeurs de Doha qui avait sérieusement entaché les relations entre les pays du Golfe. En effet, le 5 mars 2014, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn avaient rappelé leurs ambassadeurs en poste à Doha. Ce geste était sans précédent et plongea le Conseil de coopération du Golfe (CCG) dans sa plus grave crise depuis sa fondation en 1981. Ces trois pays accusaient le Qatar de vouloir déstabiliser la région par son soutien politique, financier et médiatique aux Frères musulmans, notamment égyptiens. En juillet 2014, les relations déjà houleuses qu’entretenaient le Qatar et les Emirats arabes unis s’étaient accentuées par l’arrestation de trois citoyens qataris à Abou Dhabi accusés d’être « des responsables du renseignement qatari qui opéraient sur le sol émirati ».
En guerre contre la confrérie des Frères musulmans dont elle redoute l’influence sur son sol, Abou Dhabi avait inscrit en novembre dernier 86 structures sur une liste d'organisations "terroristes". Cette liste comprend des acteurs aussi divers que l'Etat islamique, Jabhat Al Nusra (filiale syrienne d'Al Qaïda), les Frères musulmans ou la Fédération des organisations islamiques en Europe, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) ou d'autres organisations musulmanes d'Occident. Cette annonce avait provoqué un tollé dans la presse occidentale et suscité l'indignation de certains gouvernements européens.
Lutte d'influence dans le Golfe
Cette liste venait en point d'orgue d'une sourde lutte d'influence entre les Emirats arabes unis et le Qatar. Après son appui direct tant financièrement que politiquement au coup d'Etat égyptien, Abou Dhabi s'était lancé dans une fuite en avant dans la diabolisation de toutes les structures n'adoptant pas les mêmes postures anti-Frères musulmans. Les Emirats avaient même financé des groupes de pression afin de salir l'image du Qatar comme le précise une enquête publiée sur le site orientxxi. Mais la succession au sommet du pouvoir saoudien et les changements brutaux de l'équation régionale avec la guerre au Yémen ont permis un net réchauffement des relations entre le Qatar et la monarchie saoudienne. Cette visite de l'émir du Qatar aux Emirats s'inscrit donc dans le cadre d'une stratégie d'apaisement des relations au sein du CCG.