Cette alliance est d'abord le fruit d'une conjoncture économique morose pour les deux opérateurs. Si BeIN Sports perd chaque année environ 250 millions d'euros, cette perte est compensée par l'aide que son bailleurs de fonds (le Qatar Sport Investment, la filiale sportive du fonds souverain qatari) lui assure. De son côté, Canal+, devrait bientôt annoncer des mauvais chiffres. Les Echos évoquent un possible déficit "de 410 millions d'euros pour 2016" ce qui est considérable pour la chaîne cryptée puisque son impératif d'équilibre budgétaire est plus impérieux que pour sa rivale. Pour éviter un scénario de crise, la chaîne pourrait profiter d'une alliance contre-nature déjà annoncée dans les médias début février. « Comme les résultats de Canal+ ne sont pas bons, Vincent Bolloré a intérêt à mettre en avant son deal avec BeIN Sports pour rassurer les actionnaires et détourner l’attention. Il a besoin de la chaîne et de sa richesse d’offre » a ainsi déclaré une source proche du dossier. Selon cette dernière, l’accord serait « gagnant-gagnant » pour les deux parties.
Les abonnés de Canal+ seront donc les seuls à accéder à BeIN Sports, actuelle détentrice d’une grande partie des droits de diffusion des grandes compétitions de football. Selon le quotidien Le Monde, ce projet d'accord, dont les termes précis restent encore inconnus, a été envoyé à l'Autorité de la concurrence en vue d'une validation.
Cette alliance risque de se heurter à une opposition des autres concurrents de Canal+ comme Orange ou Altice qui considèrent que ce deal favorisera encore plus des acteurs déjà dominants sur les droits sportifs dans l’Hexagone. L'affaire est à suivre de près mais ce qui est certain, c'est que l'époque où les deux chaînes se livraient une sourde bataille de réputation semble appartenir au passé.