Ces investissements seront notamment mis en place par le fonds souverain de l'émirat, le Qatar Investment Authority (QIA). Doté d'un réservoir de plus de 300 milliards de dollars, c'est l'un des véhicules de placement financier les plus dynamiques de la planète. Alors qu'il est très présent dans certains pays européens comme l'Angleterre ou la Suisse, il a déjà investi près de 25 milliards d'euros dans l'économie outre-Rhin. Il dispose notamment de participations importantes chez les poids-lourds de l'industrie comme Deutsche Bank, Volkswagen ou Siemens. Mais selon certains observateurs comme le quotidien économique Handelsblatt, Doha souhaite dorénavant changer de fusil d'épaule en se tournant vers "le Mittelstand, ces entreprises allemandes de taille intermédiaire qui font la force de l'industrie «Made in Germany »".
Les deux chefs d'État ont également souligné l'importance de renforcer les relations bilatérales dans le domaine de l'énergie. Le Qatar souhaite ainsi faire de l'Allemagne un partenaire privilégié dans l'exportation du gaz naturel liquéfié, pour lequel il est le premier producteur mondial. De son côté, Berlin souhaite diversifier ses sources d'approvisionnement, notamment à l'égard de Moscou. L'Allemagne est en effet largement dépendante du gaz russe qu'elle importe par gazoducs.
Pour Doha, cette implication soutenue dans l'économie d'un pays central sur le continent européen est le signe d'une volonté de faire de Berlin un partenaire diplomatique permettant de contourner encore davantage les effets de l'embargo. Ces derniers mois, l'Allemagne a en effet été très critique à l'égard du blocus imposé par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. En conséquence, les relations entre Riyad et Berlin se sont notoirement refroidies.