Le cas Mahmoud Hussein ou l'inquiétante dérive de la liberté de la presse en Egypte
Détenu depuis 77 jours en Egypte, le journaliste d’Al Jazeera de nationalité égyptienne Mahmoud Hussein est accusé d’incitation à la subversion après la divulgation de « fausses informations ». Il vient d’être traduit devant le tribunal pénal de Gizeh.
Pour la troisième fois depuis le 20 décembre 2016, jour de son arrestation, Mahmoud Hussein a vu sa détention être prolongée. L’homme aura passé au total 77 jours dans les geôles égyptiennes. Âgé de 51 ans et vivant à Doha depuis 2013, ce reporter riche de plus de 20 ans d’expérience dans le domaine des médias dont cinq avec la chaîne qatarie, a été arrêté à son arrivée à l’aéroport du Caire où il était venu passer quelques jours de vacances auprès de sa famille. Sa détention devait s’achever une première fois le 4 janvier, puis le 19 janvier ; elle a ensuite été prorogée début février pour permettre à la justice « d’approfondir l’enquête ». Depuis lors, le tribunal traîne quant au prolongement ou non de son incarcération.
Le site "Doha News" toujours bloqué
Doha News, site d’information indépendant anglophone basé au Qatar, accuse une nouvelle fois les autorités de l'émirat de censure. Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé cette mesure et demande le rétablissement de l’accès au site bloqué depuis le 30 novembre dernier.
Doha News est un site d’information en ligne lancé en mars 2009 par deux journalistes américains, Shabina Khatri et Omar Chatriwala. Implanté au Qatar et disposant d’une liberté de ton qui tranche avec ses concurrents locaux, il fournit à ses lecteurs des articles et prises de position couvrant différents domaines comme l’actualité économique, sociale, politique ou culturelle. En plus d'une rédaction solide, le site a souvent été critique vis-à-vis des autorités ou des normes (notamment sociétales) établies, ce qui a participé à sa popularité mais a également été sources de tensions.
Qatar : le Haut Commissariat aux droits de l'homme demande la libération du poète Mohammed al-Ajami
Des experts du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations Unies (HCDH) ont exhorté les autorités du Qatar, mardi 20 octobre, à libérer le poète Mohammed Rashid al-Ajami. Ce dernier purge actuellement une peine de 15 ans d’emprisonnement pour la publication d’un poème jugé offensant car « encourageant le renversement du régime du pays et insultant pour les symboles de la nation ».
Rappel des faits
En août 2011, Mohammed Raschid al-Ajami enregistre dans un appartement du Caire quelques vers dans une vidéo. Inscrit à la faculté de littérature arabe de la capitale égyptienne, il ne se doute pas que les quelques minutes postés sur Youtube vont être le prélude à un véritable calvaire. Emporté par la vague du Printemps arabe qui galvanise les peuples du Maroc au Bahreïn, celui qui est surnommé "Ibn al-Dhib" chante les louanges de ces révoltes et rend hommage à la révolution du Jasmin qui a provoqué la chute et la fuite du président tunisien Zine al-'Abidine Ben Ali. Dans son envolée lyrique qui a d’ailleurs pour titre « Poème de jasmin », l’amoureux de Rimbaud glisse « nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive». L’allusion aux autorités de son pays d'origine est à peine voilée et dès son retour à Doha, il est arrêté et envoyé en prison.