Depuis le 30 novembre 2016, le site est bloqué pour la première fois sans explication dans l'émirat. Il reste néanmoins accessible depuis l'étranger.
Les responsables du site ont publié le 25 janvier dernier un nouveau communiqué dénonçant cette interdiction. Selon eux, l’administration du ministère de la Culture évoque le fait que « le site n’a pas les autorisations nécessaires pour publier des articles depuis le Qatar ». Et d’ajouter que « Doha News était une nouvelle entreprise et qu’il fallait obtenir une licence média fournie par le ministère de la Culture et que par conséquent le journal était en violation avec la loi ». Le quotidien réfute ces accusations, en affirmant que les autorités ne reconnaissent pas leur partenariat signé avec une société qatarie locale.
Depuis le mois de décembre, le journal a cessé toute activité à l'intérieur du pays, aussi bien médiatique que publicitaire. Pour le moment, la rédaction travaille en collaboration avec du personnel basé à l’étranger. Du fait de cette production délocalisée, Doha News ne viole pas la législation qatarie puisqu’il n’exerce plus d’activité dans le pays. Se basant sur cet argumentaire, la direction demande que l'accès au site soit donc débloqué.
Néanmoins, ce processus peut prendre un certain temps car les licences et autres procédures bureaucratiques sont compliquées à entreprendre. Les responsables sont à la recherche d'un partenaire commercial local et de nouveaux investisseurs qui partagent leur vision afin d’assurer la continuité du média.
Les raisons invoquées de cette censure sont nombreuses : la pluralité des opinions exprimées, le fait que le site casse les codes comme lorsqu'il a donné à des homosexuels qataris l'occasion de s'exprimer ou la propension de sa rédaction à critiquer le gouvernement.
« Cette censure représente un coup dur pour la liberté de la presse dans le pays » a indiqué Alexandra El Khazen, responsable du bureau de Reporters sans frontières au Moyen-Orient. « Bien qu'il ait révolutionné la scène médiatique en créant la chaîne Al-Jazeera, le Qatar demeure un pays où les journalistes locaux s’auto-censurent. Un média critique ne doit pas être réduit au silence lorsqu’il contribue à un débat public. RSF exhorte les autorités à s’expliquer et rétablir l’accès au site d’information ».
Le Qatar figure à la 117ème place sur 180 pays du classement mondial de la liberté de la presse en 2016 établi par Reporters sans frontières.