PSG : Le Qatar découvre l’envers de la carte postale

mercredi, 15 mai 2013 02:00

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QATAR - Paris, la Tour Eiffel, son club de football, ses stars planétaires... et ses casseurs. Le Qatar a fait l'amère découverte que la ville Lumière n'était pas toujours la carte postale idyllique qu'il imaginait. Avec les nombreux incidents ayant émaillé la remise du trophée du champion de France, les richissimes propriétaires du PSG ont trébuché dans leur marche triomphale.

Ce devait être une fête mémorable pour ce troisième titre national de l'histoire du club, après ceux de 1986 et 1994. Mémorable, ce lundi 13 mai le sera après les débordements de certains "supporteurs" parisiens. L'apparition des champions n'aura duré en tout et pour tout que 5 minutes.

Pas de croisière en bateau-mouche sur la Seine non plus pour les joueurs et leur famille. Pour l'image d'Epinal de Paris by night, on repassera...

"Il va y avoir un impact à court terme", juge Nabil Ennasri, auteur de L’Enigme du Qatar (Armand Colin, 2013), qui cible avant tout la mauvaise publicité faite au club. Mais derrière le PSG il y a l'émirat, dont l'image est inextricablement liée depuis son rachat en 2011. Que va-t-on penser à Doha d'être associé à de tels débordements?

 

  • Humeurs dans la gouvernance

"On peut s'attendre à quelques humeurs au sein de la gouvernance qatari", indique Vincent Chaudel, expert sport pour le cabinet Kurt Salmon. Les images relayées par les télévisions tranchent radicalement avec les moments de communion observés à Barcelone ou Manchester (voir vidéo), également titrés ce week-end. "Les propriétaires du PSG doivent aussi se rendre compte que la France n'a pas la même culture footballistique que ses voisins", prévient Vincent Chaudel. Du coup si ce n'est pas bon pour la "marque PSG", celle du Qatar risque d'être aussi écornée.

Car la notion de marketing est centrale dans le projet PSG. "Avec le club, le Qatar souhaite développer sa notoriété à l'international avec une image glamour", explique Vincent Chaudel. "La ville de Paris a une dimension symbolique et prestigieuse qui a compté lors de l'acquisition du club", précise à son tour Nabil Ennasri. La capitale française est aussi la première destination touristique mondiale, donc une vitrine intéressante pour y associer la "marque Qatar". Les multiples dégradations et les 30 blessés aussi ?

Les images ont été impressionnantes. Les forces de l'ordre ont répliqué en jetant des grenades assourdissantes. Des journalistes ont vu du mobilier urbain vandalisé, un Abribus cassé et plusieurs voitures endommagées aux abords de la place du Trocadéro, investie par de nombreux véhicules de secours d'urgence.

Comble du malaise, la chaîne BeIN Sport a dû interrompre son direct retransmettant les festivités. Dans les débordements, les journalistes ont été assaillis par la foule déboulant sur le plateau installé sur la place du Trocadéro. Certains criant même: "vive les arabes". BeInSport profite d'un statut parenté avec le PSG, en étant elle aussi financée par les fonds du Qatar. "La famille royale doit être déçue de ces images", déplore Nabil Ennasri, estimant que les nouveaux propriétaires avaient certainement minimisé les risques.

Ce spécialiste remet toutefois les pendules à l'heure : "le projet PSG ne sera pas abandonné, étant donné son importance stratégique". Et avec une certaine réussite. "L'investissement est déjà une bonne opération au niveau qualité/prix", note Vincent Chaudel du cabinet Kurt Salmon. Près de 300 millions d'euros ont été investis et le PSG s'est déjà assuré une place de choix dans le gotha européen. Du côté de Manchester City, racheté par le voisin d'Abu Dhabi, c’est plus d’un milliard d’euros qui ont été dépensés. Sans grand résultat.

  • Le calme olympien des Qataris vole en éclat

Le PSG a vécu une semaine de tous les dangers, bien loin de la ligne adoptée depuis leur arrivée. Outre les débordements dans Paris, il y a aussi eu l'incident entre le corps arbitral et le directeur sportif Leonardo. S'il est reconnu coupable de "bousculade", la sanction pourrait s'illustrer une suspension maximale d'un an, ainsi qu'un retrait de points pour le club.

Sur les images de Canal+, on voit Nasser al-Khelaïfi, président du PSG, retenir son n°2 pour éviter un esclandre supplémentaire. Bien loin de l'image glamour qui avait enrobé le recrutement de l'ancien joueur il y a 2 ans.

"On ne veut pas de problèmes avec les arbitres. Je dis toujours que nous ne voulons que des amis", s'est-il épanché dans une de ces rares sorties dans la presse. "On doit quand même sentir qu’on est les bienvenus en France", rajoute Nasser al-Khelaïfi. "On ne devrait pas voir les tensions qui sont apparues récemment autour de certains matchs".

Cet événement n'est pas sans rappeler les multiples écarts de langage tenus par un autre président, Jean-Michel Aulas. Le patron de l'OL est un habitué du genre, et c'est vraiment l'anti-modèle que ne veulent pas reproduire les dirigeants du PSG. Surtout ne pas faire de vagues...

  • Comment l'actionnaire va-t-il réagir désormais ?

Il faudra transformer l'hécatombe du Trocadéro par une fête grandiose, dans le théâtre de ses exploits. "De tels débordements ne sont pas rentables pour le PSG", précise Nabil Ennasri. "Les dirigeants vont maintenant éviter d'en parler, afin que les faits s'évaporent le plus vite possible".

Le club a d'ores et déjà donné rendez-vous au Parc des Princes samedi prochain à l'occasion du match contre Brest. Avec un leitmotiv : "fêter dans la joie et l'unité le premier titre remporté par le Paris Saint-Germain depuis 19 ans". Dans son communiqué, le club n'oublie pas de réaffirmer sa détermination "à poursuivre son projet de bâtir un grand club européen digne de la capitale, très loin des agissements de ceux qui veulent détruire son rêve".

Et immédiatement renouer avec le lien d'un PSG "bling bling"? "Le club pourrait bien précipiter les événements avec l'annonce d'un transfert clinquant", prophétise Nabil Ennasri. On annonce déjà l'arrivée de nouvelles stars au Parc des Princes : Ronaldo (Real Madrid), Rooney (Manchester United), Cavani (Naples)... La machine à rêves doit reprendre son train de marche. Et vite.

Source : http://www.huffingtonpost.fr/2013/05/14/psg-qatar-paris-qsi-trocadero-football-ligue-1_n_3270788.html

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