Après l'accord signé entre le Qatar et les Etats-Unis sur la lutte contre le terrorisme, quelle issue pour la crise du Golfe?

mercredi, 12 juillet 2017 20:55

1038143 le secretaire d etat americain rex tillerson g et le ministre des affaires etrangeres du qatar cheikDoha et Washington ont signé un accord qui permet de consolider la surveillance des flux financiers qui émanent du Qatar à destination du Moyen-Orient. Dans l’œil du cyclone depuis plus d’un mois, l’émirat s’estime renforcé par cet accord qui prouve sa bonne foi en matière de lutte contre le terrorisme.

Ce partenariat a été rendu possible suite à la visite du chef de la diplomatie américaine à Doha. Dans le cadre de sa tournée dans le Golfe, Rex Tillerson s’est en effet arrêté au Qatar où il a eu des entretiens avec son homologue qatari ainsi qu’avec l’émir Tamim ben Hamad al-Thani.

L’isolement du Qatar déjoué

« L’accord que nous avons tous les deux signé au nom de nos gouvernements représente des semaines de discussions intensives entre spécialistes et relance l’esprit du sommet de Riyad », a ainsi affirmé le secrétaire d’Etat américain« Ensemble, les Etats-Unis et le Qatar feront davantage pour localiser les sources de financement, pour collaborer et partager l’information et pour maintenir la région en sécurité », a-t-il ajouté.

Cette idée a également été martelée par Mohamed ben Abdel Rahman al-Thani. Au cours de la conférence de presse conjointe, le chef de la diplomatie qatarie a en effet précisé la portée de cet accord en affirmant : « Aujourd’hui, l’Etat du Qatar a été le premier à signer le programme exécutif avec les Etats-Unis de lutte contre le financement du terrorisme ».

Cette mention de premier pays à parapher pareille entente avec l’allié américain est de nature à présenter le Qatar comme un bon élève et à invalider les allégations des voisins du Qatar qui le présentent comme un Etat finançant le terrorisme. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas tardé à réagir. Même s’ils remercient les Etats-Unis de poursuivre leurs efforts dans le nécessaire engagement contre les factions extrémistes, ils jugent ce pas « insuffisant » et mettent en doute la « fiabilité » de Doha dans la mise en application du partenariat. Ces derniers jours, les quatre pays (Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Bahreïn et Egypte) ont également dénoncé ce qu’ils considèrent comme le non respect par le Qatar des accords secrets dits de « Riyad » signés en 2013 et novembre 2014. Ceux-ci avaient permis de mettre un terme à la précédente crise dite « des ambassadeurs » au cours de laquelle les représentants de Riyad, Abou Dhabi et Manama étaient revenus à Doha après neuf mois d’absence. Signés sous l’égide de l’émir du Koweït, ils avaient amené le Qatar à faire profil bas avec comme manifestation de ce repli la fermeture de Al-Jazeera Mubasher Misr, chaîne du groupe audiovisuel spécialement dédiée à l’Egypte.

Tensions au sein du Quartet

Preuve de la méfiance des pays du blocus face au Qatar, ces derniers ont assuré qu’ils « surveilleront de près le sérieux des autorités qataries dans leur combat contre toutes formes de financement et de soutien du terrorisme ». Souhaitant mettre en place un dispositif d’évaluation pour éviter que Doha ne se soustrait à ses obligations, ils appellent de leurs voeux à « des contrôles stricts pour s’assurer du sérieux » de leur turbulent voisin.  

Néanmoins, il semble que des tensions se fassent jour entre les quatre pays qui ont conjointement décidé de l’embargo contre le Qatar le 5 juin. Si les Emirats arabes unis et l’Egypte semblent camper sur une ligne dure, l’Arabie Saoudite s’orienterait plutôt vers une désescalade comme en témoigne l’acceptation par Riyad du retour des diplomates qataris officiant au sein du Conseil de coopération du Golfe. De son côté, l’Egypte (dont le gouvernement reste sous perfusion de l’argent émirien) ne l’entend pas de cette oreille puisque Le Caire a réclamé lors d’une réunion internationale à Washington l’expulsion du Qatar de la coalition internationale contre l’Etat islamique. Même si cette requête n’a pas été retenue,  les autorités égyptiennes ont décidé d’agir à nouveau en interdisant aux navires battant pavillon qatari d’accoster dans les ports situés sur le Canal de Suez. Ces premières frictions au sein du quartet annoncent-t-elles le début d’une sortie de l'impasse dans laquelle est confinée la région du Golfe ? C’est également l’espoir de Rex Tillerson qui a affirmé  avoir « bon espoir que nous puissions progresser vers un règlement de la crise », tout en ajoutant : « Je pense que le Qatar a des positions très claires, qui sont, à mon avis, fort raisonnables ».

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