Entretien avec l’avocat Selçuk Demir sur le référendum portant sur la révision de la Constitution en Turquie
1/ En quoi la révision constitutionnelle va-t-elle profondément modifier le cadre institutionnel de la Turquie? Qu'est ce qui va réellement changer avec l'adoption de cette réforme si elle est validée par le peuple?
La réforme constitutionnelle prévoit le passage du régime parlementaire actuel, consacrant la mainmise de l'Assemblée nationale sur le législatif et l'exécutif (c'est l'Assemblée nationale qui vote les lois et nomme le Premier ministre), à un régime présidentiel. Le régime présidentiel prévoit une séparation nette des pouvoirs, dans la mesure où l'exécutif, désormais seulement représenté par le Président de la République, est nommé au suffrage universel. La stabilité à la tête de l'Etat et la continuité du pouvoir exécutif sont assurées dans la mesure où la nomination de l'exécutif n'est pas conditionnée à une éventuelle coalition entre les partis présents à l'Assemblée nationale. Par ailleurs, cette réforme renforce le pouvoir du peuple turc qui désigne un Président de la République investi dorénavant de véritables pouvoirs et qui ne se contentera pas d'un rôle honorifique. En ce sens, le nouveau système proposé est largement comparable à celui de la 5ème République en France.
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Les élections législatives turques qui se sont déroulées dimanche 1er novembre 2015 ont tourné au triomphe pour le parti AKP. La formation du Président Recep Tayyip Erdogan est arrivée en tête des suffrages en raflant la moitié des voix. Elle obtient également la majorité au Parlement avec 316 sièges sur 550.
C'est d'ailleurs le score le plus élevé jamais obtenu par le parti musulman-démocrate. Alors que les sondages prédisaient une élection serrée, l'AKP a rallié plus de 23 millions de bulletins lors d'un scrutin qui a été le théâtre d'une participation record puisque 87% des électeurs se sont déplacés. C'est donc un succès populaire indéniable et une confirmation de la large assise dont le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Ahmet Davutoglu sont crédités auprès de la population. Rarement dans l’histoire des démocraties, un parti a pu régner avec autant d'assurance sur la scène politique nationale comme le fait l'AKP depuis 13 ans en Turquie.