Pourquoi Cristiano Ronaldo devrait (normalement) rejoindre le PSG

mardi, 03 novembre 2015 01:00

cristianoLe match opposant mardi 3 novembre le Paris Saint-Germain au Real Madrid a tenu en haleine toute la planète football. Cette affiche de la phase de poule de la Ligue des Champions a aussi été l'occasion de voir se croiser deux stars du ballon rond, Zlatan Ibrahimovic et Cristiano Ronaldo. Si le premier va vraisemblablement quitter le club de la capitale à la fin de cette saison, le second a de fortes chances d'intégrer l'effectif parisien l'été prochain. Nous republions cette analyse rédigée il y a deux ans car elle garde aujourd'hui toute sa pertinence eu égard aux efforts des dirigeants qataris pour recruter l'actuel ballon d'or. 

La semaine qui vient de s’écouler a eu sa part de clasicos comme rarement le monde du football a pu en concentrer en si peu de temps.

En l’espace de quelques jours, deux doubles confrontations ont tenu en haleine les amoureux du ballon rond. D’abord, entre les mythiques clubs du Real Madrid et du FC Barcelone et, dans un registre moins relevé, entre le Paris Saint-Germain et l’Olympique de Marseille.

Le point commun entre ces différentes rencontres porte un nom : Qatar. Propriétaire du club parisien, l’émirat était aussi présent sur la tenue du FC Barcelone. Les téléspectateurs du monde arabe et le public français ont pu apprécier le spectacle des deux stars du football mondial, Messi et Cristiano Ronaldo sur les écrans d’Al Jazeera Sport et de sa filiale hexagonale, BeIN SPORTS.

Cette présence grandissante de l’émirat gazier au cœur du football européen pourrait s’accentuer à partir de la saison prochaine. Plusieurs raisons convergent pour faire de l’hypothèse d’un transfert du joueur portugais Cristiano Ronaldo, un scénario qui ne relève plus de l’imagination.

Faire du PSG le club le plus prestigieux du monde

On ne le répétera jamais assez mais il faut constamment avoir à l’esprit que le sport est, pour paraphrase le chercheur Pascal Boniface, "la continuation de la géopolitique". Dans ce cadre, il est de plus en plus utilisé comme instrument de puissance et outil de prestige. C’est à la lumière de cet horizon qu’il faut replacer l’investissement du Qatar dans le sport en général et le football en particulier.

Considéré comme le sport-roi, ce dernier a toutes les faveurs des autorités du pays. Depuis plus d’une décennie, un plan stratégique en cinq axes a été mis en place au cœur duquel le PSG doit faire office de vitrine mondiale. Ce projet sportif est soutenu par une ligne budgétaire quasi-illimitée dont l’ordre de mission n’est rien d’autre que de faire du PSG la formation la plus florissante et la plus compétitive de la planète.

Pour mener à bien son projet, le PSG projette donc de s’entourer des meilleurs éléments. Rappelé il y a peu par le cheikh Saud Bin Abdulrahman Al Thani, secrétaire général du Comité olympique qatari et bras droit du propriétaire du club, cette détermination à mettre sur orbite la formation parisienne répond aussi à une volonté de désamorcer les accusations d’un pays à la tradition footballistique inexistante.

Cette faiblesse a en effet constitué (avec les soupçons de corruption) l’un des principaux griefs adressés au Qatar lors de l’attribution du Mondial 2022. Le calcul des stratèges de Doha est donc le suivant : si le PSG arrive à remporter des titres, ces critiques seraient frappées de nullité et le pays pourrait se targuer d’une légitimité footballistique incontestable.

Un joueur à la plus-value sportive et marketing

En ligne de mire, c’est, en plus du championnat de France, la Ligue des champions qui est dans le collimateur. Mais pour décrocher la précieuse couronne, il manque aujourd’hui un élément-clé qui puisse tirer davantage vers le haut l’effectif parisien afin de le hisser dans le trio de tête des formations européennes.

Joueur au talent exceptionnel, le Portugais pourrait remplir ce rôle d’autant plus que son envergure sportive et sa notoriété mondiale collent parfaitement au marketing d’État que les bailleurs de fonds du PSG cultivent depuis leur arrivée. Le pari sportif se doublerait ainsi d’un énorme sacrifice financier mais dont les retours sur investissement seraient, eux aussi, toutes aussi colossales. Combiné aux autres stars de l’équipe, on imagine combien l’utilisation de cet icône rapportera au club en termes de merchandising, de publicité et de vente de produits dérivés.

En apportant un tel surplus de célébrité au Qatar, les dirigeants de Qatar Sports Investments (QSI) pensent aussi se doter d’arguments supplémentaires pour justifier leur mirobolant contrat avec la Qatar Tourism Authority. Critiqué par de grands clubs européens qui crient à la concurrence déloyale, cet accord qui doit permettre au PSG d’engranger jusqu’à 200 millions d’euros par an est central dans l’optique de respecter les conditions du "fair play financier" de l’UEFA.

Pour se défendre, les dirigeants parisiens vont mettre en avant le capital symbolique que l’émirat a pu tirer de la marque "PSG". Déjà que l’image du Qatar bénéficie de la nouvelle dimension acquise par le club, il ne sera pas difficile d’expliquer qu’avec la star portugaise, l’amplitude du contrat est largement justifiée au vue de l’excédent de réputation que l'actuel Ballon d’or va apporter.

Le PSG va devenir une machine de divertissements

Enfin, la pléthore de vedettes dépassant largement le cadre du sport, le Qatar en profitera pour faire briller les autres vecteurs de son entreprise de visibilité. On peut ainsi imaginer que la nouvelle marque de sport qatari, Burrda Sport, qui est déjà l’équipementier de clubs comme l’OGC Nice et ambitionne de le devenir pour le XV de France, ne rafle à Nike le contrat de sponsoring du maillot du PSG. De même, l’installation prochaine de la nouvelle griffe de luxe qatari, QELA, au cœur de la capitale pourra tirer profit de ce nouvel engouement et compter sur une belle campagne de promotion. Enfin, la venue de Cristiano devra, à n’en pas douter, doper les abonnements à la chaîne BeIN Sports qui s’est déjà payé la part du lion dans la retransmission de la Ligue 1 et de la Ligue des champions.

C’est donc l’ensemble de l’édifice porté par le Qatar qui devra recueillir les multiples avantages collatéraux d’un homme dont l’arrivée sur le sol parisien sera, davantage que pour Beckham et Ibrahimovic, théâtralisée avec une mise en scène qu’on imagine à la hauteur de l’évènement. Car le PSG n’est plus qu’un simple club de sport. C’est une machine de divertissements aux nombreuses ramifications et la récente volonté de QSI de se porter acquéreur de la société américaine AEG, géant mondial du divertissement, est certainement à inscrire dans ce maillage.

Une politique de communication permanente

Cette hypothèse n’est qu’un point de vue qui pourrait ne pas résister à l’épreuve des faits. L’un des écueils majeurs sera d’ailleurs de savoir gérer les égos surdimensionnés de "Galactiques" soumis à une pression étouffante. Mais friand des superlatifs, les dirigeants qataris souhaitent ardemment voir le phénomène portugais défendre les couleurs de leur équipe. Avec une saison en dents de scie au Real Madrid et alors qu'il a tout gagné avec le club de la capitale espagnole, CR7 pourrait être séduit par ce nouveau challenge.

En retour, les dirigeants madrilènes, conscients de la bagatelle qu’ils pourront tirer d’une telle transaction, pourront alors stabiliser leurs comptes et se payer les services d'un autre attaquant (on parle du buteur en forme Aguero notamment) qui compenserait la perte de Ronaldo. En devenant la locomotive financière du championnat européen, le PSG confirmera ainsi sa dimension à part au sein de l’échiquier du football mondial.

Engagé dans une politique de communication permanente, QSI a entrepris selon les termes de ses propres dirigeants "la construction d’une marque mondiale de sport". Celle-ci passe par se procurer le banc le plus huppé et le plus médiatisé au monde. Le "Rêvons plus grand", slogan du club, deviendra alors presque réalité et pourra fièrement s’afficher dans un Parc des Princes qui n’aura alors jamais mieux porté son nom.

 

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