Un levier suffisant pour redorer l'image de l'Emirat ?
"Nous sommes fiers d'être ambassadeurs et de participer à la construction de la destination Qatar" a déclaré Jean Claude Blanc, le DG délégué du PSG.
Bien que troisième producteur mondial de gaz, affichant une croissance de 6,5%, le Qatar souhaite aujourd'hui diversifier ses sources de revenus.
" Il ne veut plus être soumis aux aléas du marchés des hydrocarbures" assure Ennasri Nabil, consultant spécialiste du pays.
Des investissements qui se chiffernt en milliards.
Pour ce faire, il a initié un plan de développement à échéance 2030 et compte investir 44 milliards de dollars dans ses infrastructures touristiques afin d'attirer 7 millions de visiteurs.
Un nouvel aéroport est programmé et ses hôtels qui offrent aujourd'hui 13 000 chambres devraient en proposer entre 40 et 50 000 d'ici 2022.
Actuellement, le secteur touristique est à l'état embryonnaire. 217 540 voyageurs ont visité le pays l'an passé, dont 36 302 en provenance d’Europe.
Un chiffre en croissance de 18%.
Près de 62% des arrivées concernent le tourisme d’affaires, un marché déjà florissant dans l'émirat, tout comme le MICE.
La destination est en effet bien équipée en centres de congrès, à l'instar du village culturel de Katara.
La plupart des hôtels de grandes chaînes sont également très bien pourvus en salles de conférences.
L'office du tourisme a d'ailleurs débuté ses premières séances de formations auprès des agences incentives. "Les retours sont excellents, les vendeurs sont très curieux de cette nouvelle destination" assure Blaise Borezée, le DG adjoint d'Interface Tourism, agence choisie pour s'occuper de la promotion sur le marché français.
Paris est d'ailleurs la seule capitale européenne avec Londres possédant un bureau de représentation.
Améliorer la notoriété des pays du Golfe
Mais l'enjeu est aujourd'hui de positionner le Qatar comme une destination loisir en créant des produits et des packages susceptibles de séduire les occidentaux.
La destination mise notamment sur ses collections artistiques réunies dans différents musées, comme celui des arts islamiques ou encore le futur musée national construit par Jean Nouvel.
Précisons que la cheikha Al Maïassa al Thani, fille de l'émir, est en tête du palmarès mondial des cent plus influents acheteurs d'oeuvres d'art.
Pour faire découvrir ces richesses, l'office du tourisme espère organiser rapidement des voyages d'études. Car, hormis Intermèdes, peu de TO possèdent une programmation sur place.
L'équipe parisienne reste toutefois réaliste. Elle n'espère pas, du moins pour l'instant, convaincre quiconque de séjourner là-bas une semaine.
"Nous souhaiterions dans un premier temps développer les stop-over ou les combinés avec Dubaï ou Oman" précise Christelle Zucchelli, en charge du budget chez Interface.
En effet, Qatar ne se considère pas comme un concurrent des Emirats voisins. Bien au contraire. "Ils ont un intérêt à communiquer ensemble afin d'améliorer la notoriété des pays du Golfe" confirme Blaise Borezée.
Et de ce coté, tout reste à faire. L'image du pays a été fortement écornée par les dernières révélations du journal britannique The Guardian concernant le décès d'ouvriers népalais sur les chantiers de la coupe du monde de football en 2022.
Sans oublier le "Qatargate" un scandale de corruption massive pour l'attribution de cette compétition dévoilé par France Football.
Reste à savoir si cette stratégie de communication très sportive sera suffisante pour redorer le blason de la destination auprès des voyageurs français...
Laury-Anne CHOLEZ