Communiqué de presse de la Journaliste Khadija Benguena

mardi, 12 février 2013 01:00

La polémique autour des déclarations sulfureuses de Mezri Haddad tenues lors de l'émission "Ce soir ou jamais" du 5  février ne faiblit pas. Hier, l'ancien soutien de Ben Ali a posté cet élégant message sur sa page Facebook : "La racaille islamo-fasciste s'est mobilisée pour défendre l'icône de l'islamisme wahhabite, Khadija Benguenna. Sur sa page facebook, François Burgat, l'ami de Rached Ghannouchi, m'a stigmatisé hier en m'accusant d'être derrière la campagne anti-qatarienne. Je vais voir si cet imposteur mérité une réponse de ma part." De son côté, la journaliste algérienne s'est fendue d'un communiqué de presse dont voici la teneur. Affaire à suivre...

 

Propos diffamatoires tenus lors de l’émission « Ce soir ou jamais »

 L’émission « Ce soir ou jamais », diffusée en direct lundi 5 février dernier, a été le théâtre d’un débat riche et animé sous l’intitulé « Qatar : ami ou ennemi public numéro 1 »[1]. Les invités du plateau de F. Taddéi étaient Mezri Haddad, ancien ambassadeur de Tunisie à l’Unesco, Richard Labevière, essayiste, Valérie Debord, ancienne députée, Karim Sader, consultant et Nabil Ennasri, chercheur spécialisé sur le Qatar. Les participants ont débattu avec passion d’un sujet qui retient légitimement depuis de longs mois l’attention de l’opinion française. Cependant, la fin de l’émission a donné l’occasion à l’un des participants,  M. Haddad, de proférer à mon encontre des accusations d’une extrême gravité.

A partir de la 36e minute, M. Haddad s’est lancé dans une critique particulièrement radicale de “l’émirat bédouin” selon la terminologie qu’il a utilisée  et de sa chaîne de télévision Al-Jazira qui m’emploie. Je n’ai pas de commentaires à faire sur la substance des positionnements géopolitiques de l’ancien collaborateur du président Ben Ali, mais bien sur les accusations mensongères et donc tout à fait diffamatoires dont il a fait usage à mon encontre pour illustrer sa perception. Ses propos, tenus en direct au cours d’une émission de grande audience, apparaissent à moi-même comme à tous ceux qui me connaissent comme aussi dommageables qu’ils sont  infondés et donc  inacceptables.

A la minute 38’08, M. Haddad après m’avoir présentée comme «une vedette admirée par l’opinion arabe » m’a prêté des propos dont il a déclaré que je les avais tenus sur ma page Facebook. Il a affirmé ainsi sur un ton ne laissant pas place au doute que j’avais mis en avant «l’humanité d’Hitler » et, notes en main, il a lu ce qu’il a présenté comme la citation de mes propres termes, et notamment : « mais étant donné que les médias en France sont entre les mains des Juifs, ils ont occulté cette vérité et ils ont concentré leurs efforts sur la surenchère autour de l’Holocauste ». Durant plusieurs minutes  M. Haddad a martelé ainsi ses propos sans être jamais contredit : le présentateur de l’émission, Frédéric Taddéi, sans savoir qu’il s’agissait d’une usurpation d’identité et souhaitant écourter son temps de parole, a au contraire fini par reprendre  à son compte les accusations en déclarant « Mezri Haddad, je vous interromps : elle a parlé d’“humanité d’Hitler” et déjà on a tout compris ».

Or ces propos sont en fait absolument faux. Et il était parfaitement possible à M. Haddad de le savoir. En effet, si le “philosophe” qu’il prétend être avait, avant de proférer d’aussi graves accusations,  pris trente secondes de son temps pour vérifier leur véracité, il lui aurait été possible de savoir que ces propos inventés de toutes pièces m’ont été attribués le plus fallacieusement du monde. En effet, dès que j’ai été informée de cette rumeur, j’ai immédiatement rendu public un démenti explicite. Ce démenti, dont j’ai demandé sur mes deux comptes  Facebook  qu’il soit largement relayé, en langue anglaise[2] comme en langue arabe[3],  a été repris  par plusieurs médias dont le site internet de la chaîne Al-Jazeera[4]. Dès le 31 janvier, il était donc possible à quiconque souhaitait le savoir que je désavouais totalement ces propos, auxquels j’étais parfaitement étrangère, et que je me réservais le droit de traduire en justice quiconque ferait usage du résultat de cette usurpation de mon identité. Comme de nombreuses personnalités du monde des médias, mes comptes font régulièrement l’objet de parodies lancées sur la toile où ce type de manipulations est malheureusement monnaie courante.

M. Haddad a cru en outre pouvoir révéler sur un ton  tout aussi péremptoire les raisons qui m’auraient poussée à prendre la décision de  porter le voile. Ajoutant délicatement que  « j’étais très belle avant de le vêtir », il a cru pouvoir réduire ma décision à une « réaction à la France (…) et au racisme et à l’islamophobie ». Je ne puis laisser à ce monsieur, en portant de tels jugements sur ma tenue vestimentaire et le sens de mes convictions religieuses, le droit d’énoncer publiquement ce qui relève de raisons intimes dont il n’a en fait pas la moindre connaissance.  Je condamne donc également cette déclaration blessante et infantilisante et que je considère comme une autre  marque de mépris à l’égard de ma personne et de ma dignité.

Compte tenu de l’importance des torts causés par les déclarations de M. Haddad  par des propos qui ont largement  dépassé les limites de la liberté d’expression et ont été cautionnés par le présentateur de l’émission,  que M. Haddad a manifestement réussi à induire en erreur,  j’ai donc décidé de porter plainte pour diffamation à l’encontre de Mezri Haddad. Ils sont clairement diffamatoires et attentatoires à ma réputation. Une procédure judiciaire prendra très vite le relais de cette première mise au point. Je suis confiante dans la capacité de la justice française de rétablir les faits et de sanctionner celui dont les procédés, tout à fait  inacceptables dans un  débat public qui est au  demeurant essentiel, a contribué à ternir gravement mon image.

Khadija Benguena, journaliste

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