Partant du principe qu’une chaîne de télévision est souvent peu ou pas rentable - surtout à ses débuts - la direction tablait sur un rythme de progression qui lui permettrait de redresser la barre au bout de quelques exercices. Mais quatre ans plus tard, la situation est loin d’être reluisante. Avec environ 2,5 millions d’abonnés (avec un pic de 3 millions lors du dernier Euro de football), l’objectif de dépasser Canal Plus et ses 4 millions d’aficionados est encore loin. Pire, le bilan financier depuis sa naissance affiche une perte de plus d’un milliard d’euros.
Néanmoins, ce déficit chronique et abyssal est loin d’être une surprise pour ses promoteurs car depuis le départ, les autorités qataries savent qu’elles perdront beaucoup d’argent sur ce créneau. Le montage économique d’une chaîne disposant d’une telle offre sportive (rappelons que BeIN s’est taillée la part du lion pour la diffusion des principales compétitions de football) ne lui permettait pas d’envisager de passer dans le vert à court et moyen terme. Rien que pour le ballon rond, la chaîne a ainsi dépensé pas moins de 640 millions d'euros pour obtenir le droit de diffuser la Champion’s League, une grande partie de la Ligue 1 et les grands tournois comme l’Euro en France ou le prochain Mondial. Mais ce n’est pas un souci du côté de Doha : dès lors que la chaîne apporte au pays une visibilité internationale, les grands moyens sont de sortie. Dit autrement, si le Qatar perd financièrement avec BeIN, il gagne en terme de réputation, d’audience et de rayonnement. C’est dans cette équation que l’on retrouve l’ADN de la doctrine politique des dirigeants.