L'Organisation de la coopération islamique (OCI), dont les 57 pays membres étaient réunis pour un sommet à Jakarta, a appelé lundi 7 mars au boycott des produits provenant des colonies israéliennes. Le Vice-premier ministre qatari et ministre d'État pour le cabinet des affaires Ahmed ben Abdullah al-Mahmoud a plaidé pour que tous les moyens légaux soient utilisés pour protéger le peuple palestinien de l’impunité israélienne. Il a également mis l'accent sur la nécessité de préserver leur patrimoine à Jérusalem ainsi que la mosquée Al Aqsa.
Dans une résolution adoptée dans la capitale indonésienne, l'OCI recommande à ses « Etats membres et plus largement la communauté internationale à interdire de leurs marchés les biens produits dans ou par les colonies de peuplement israéliennes illégales ». Ce texte n'est cependant pas contraignant pour les pays de l'organisation qui s'engage par ailleurs à « un soutien total aux efforts politiques, diplomatiques et juridiques » en vue de s'assurer que les Palestiniens jouissent de leurs « droits inaliénables ».
BDS et Israeli Apartheid Week
Les répercussions de l'occupation israélienne dans les territoires palestiniens s’aggravent de jour en jour. Le Vice-premier ministre qatari a pour sa part déclaré que « les meurtres, les destructions volontaires, les confiscations de terres, la colonisation, l’expulsion de la population palestinienne et la construction d'un mur de ségrégation raciale révèlent la gravité de la situation actuelle, non seulement pour le peuple palestinien mais aussi pour l'ensemble de la nation islamique ».
Pour montrer son soutien à la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanction), le Qatar avait organisé « The Israeli Apartheid Week » (la semaine de l’apartheid israélien) en mars 2015. C’était la troisième fois que cette initiative avait lieu dans la capitale qatarie. Lancée par le mouvement international de solidarité avec la Palestine, « The Israeli Apartheid Week » est une semaine d’actions destinée à populariser la cause palestinienne auprès de la société civile mondiale. L’un des moteurs de cette démarche est le soutien à la campagne BDSlancée en 2005 par des dizaines d’associations palestiniennes. Celles-ci, soutenues par des militants anticolonialistes israéliens, réclament un boycott total de l’Etat d’Israël tant que ce dernier ne respecte pas le droit international. En novembre dernier, Israël avait décidé de suspendre les contacts avec l'Union européenne en réponse à la politique de cette dernière sur l'étiquetage des marchandises issues des colonies de peuplement.
Le Qatar dans la ligne de mire d'Israël
Ces initiatives arrivent alors que le torchon brûle entre Doha et Israël. Cette situation tranche avec celle qui prévalait à la fin des années 1990. A l’époque, le Qatar avait ouvert de timides relations commerciales avec l’Etat hébreu. À partir de la sanglante opération militaire israélienne à l’hiver 2008, ces liens ont été rompus. Depuis, le Qatar est devenu l’un des soutiens les plus en vus de la cause palestinienne et la bête noire d’Israël. Le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Meshaal, vit en exil à Doha depuis 2012 et la formation islamique a régulièrement soutenu l’émirat pour son constant soutien à la population de Gaza tant au niveau financier, médiatique que politique. Ces derniers jours, le Qatar a affrété des centaines de tonnes de ciment pour la reconstruction de 1000 logements détruits pendant le carnage de l’été 2014. Cette aide arrive dans le cadre de la promesse de débourser un milliard de dollars promise par l’émir du Qatar en octobre 2014 à l’occasion de la conférence internationale pour la reconstruction de Gaza. Avec ce don, l'émirat était devenu de loin le plus gros contributeur.
Du fait de cet engagement pro-palestinien, une campagne de diabolisation du Qatar le présentant comme un soutien au "terrorisme" a été initiée depuis Tel Aviv qui, fait quelque peu troublant, a été reprise en France par de nombreux cadres du Front National ainsi que par le CRIF. Plus récemment, Israël a exercé des pressions sur les Etats-Unis afin de bloquer la livraison d’avions de combat F-15 au Qatar. Cette situation de tension diplomatique entre l'émirat et Israël risque de durer longtemps. Il est à souligner que cette posture tranche avec celle d'autres pays de la région. Ainsi, à rebours du Qatar, les Emirats arabes unis ont décidé, en novembre dernier, d'ouvrir une représentation israélienne sur leur sol.