Pour rappel, Al-Jazeera America avait vu le jour suite au rachat de la chaîne câblée Current TV, appartenant à l'ancien vice-président Al Gore et rachetée pour un montant de 500 millions de dollars. Son siège était situé à Manhattan à New York et elle comptait une douzaine de bureaux détachés aux États-Unis ainsi que 850 collaborateurs.
« Cette décision est motivée par le fait que notre modèle économique n'est simplement plus viable à la lumière des défis économiques que connaît le marché américain des médias » avait déclaré le directeur général du groupe média qatari, Mostafa Souag, le 16 janvier dernier. Parallèlement, les responsables de la chaîne avaient annoncé qu’ils entendaient renforcer leur présence en ligne et sur l'ensemble des supports mobiles. Ceux-ci seront alimentés par le contenu produit par les autres antennes du groupe.
La filiale américaine d’Al Jazeera, qui a essuyé de nombreuses critiques depuis son lancement aux États-Unis, a continué à faire la une des médias et à susciter la méfiance d'une partie des élites Outre-Atlantique. La direction avait en mai dernier annoncé la nomination d’un nouveau directeur général sur fond de plusieurs démissions et d’une plainte d’un ancien employé pour antisémitisme et sexisme. La direction de la chaîne avait formellement rejeté ces allégations dans un communiqué publié dans la foulée des accusations. « Ces informations sont fausses et malveillantes et sont destinées à nuire au talent et à la diversité exceptionnels des salariés et aux valeurs qu'Al Jazeera America promeut » précisait le texte. Pour mettre fin à la polémique, Ehab al-Shihabi avait été remplacé à la tête de la chaîne par Al Anstey, l’ancien directeur général d’Al Jazeera English.
Sur la base des informations disponibles, il semble que la direction préfère miser sur la dernière née des chaînes du groupe qui connaît un franc succès sur les réseaux sociaux, AJ+. La version anglaise de ce canal numérique est composé d’une équipe de 70 personnes réalisant une cinquantaine de vidéos par semaine, la plupart d'une durée d'une minute environ (maximum cinq minutes) sur un sujet d’actualité ou d’un fait inédit. Les vidéos sont diffusées selon un format adapté aux plateformes sociales (Facebook, Twitter, Instagram, …). Pour l'instant, cette stratégie semble payante même s'il n'est pas exclu que l'émirat se lance dans d'autres projets ambitieux pour un média qui demeure l'une des réalisations les plus emblématiques du Qatar post-1995. Mais pour ce faire, il faudrait que le prix du pétrole puisse bénéficier d'une nette et durable remontée de ses cours, ce qui est encore loin d'être le cas.