Qatar Turkey HoroRecep Tayeb Erdogan a jugé "contraire au droit international" le blocus que l'Arabie saoudite, les Emirats, l'Egypte et Bahrein ont imposé au Qatar. Liée par un accord de défense stratégique avec Doha, la Turquie se révèle être l'allié du Moyen-orient le plus solide pour le Qatar. 

En sortant de la grande prière à l'occasion de la fête de l'Aïd el-Fitr qui célèbre la fin du mois de Ramadan, le président turc s'est exprimé sur la liste des treize demandes formulées par Riyad, Abou Dhabi, Manama et Le Caire. Ces exigences formulées quelques jours auparavant comprennent notamment la baisse des relations avec l'Iran, la fermeture de la chaîne al-Jazeera et l'interruption de la coopération militaire avec la Turquie.

XVM685d9efe ee5e 11e4 bf2f 155698404512L'émir du Qatar a félicité mercredi 21 juin Mohamed ben Salman en sa qualité de nouveau prince hériter d'Arabie saoudite. Le chef d'Etat a appelé à "des relations fraternelles" malgré la crise profonde qui clive les relations entre les deux pays.
Selon les médias locaux, l'émir Tamim ben Hamad al-Thani a envoyé un message de félicitations à la famille royale saoudienne. Le propos a été adressé au roi Salman "à l'occasion de la nomination du prince Mohammed comme prince héritier" du royaume, a indiqué l'agence officielle qatarie QNA (Qatar News Agency). Malgré la forte tension de ces derniers jours et la rupture des relations bilatérales, le texte exprime l'espoir de voir s'établir des "relations fraternelles entre les deux pays frères".
 
Mohamed ben Salman a été désigné par un décret royal prince héritier à la place de son cousin, le prince Mohamed ben Nayef. Cette désignation illustre la montée en puissance du préféré des enfants du monarque qui devient de facto, l'homme le plus puissant du pays. Cette décision revêt un rôle capital puisqu'à la mort du roi Salman (81 ans), c'est la première fois que l'Arabie Saoudite sera théoriquement dirigée non pas par un enfant direct du fondateur du royaume mais par un de ses petits-fils. Très lié à l'appareil d'Etat américain et émirien et artisan de la manière forte dans l'appréciation des dossiers régionaux, Mohamed ben Salman est aussi l'homme du programme "Vision 2030". Ce projet doit amener l'économie saoudienne à sortir à marche forcée de la dépendance au pétrole. 

8e07e06d 0b62 441f 93bf ceb02c819c19"Nous avons suffisamment de preuves pour les accuser". C'est par ce propos que le procureur général du Qatar, Ali ben Fetais al-Marri a accusé les pays voisins d'être impliqués dans l'attaque informatique qui avait visé fin mai l'agence de presse officielle du pays.

Sa déclaration est tombée mardi 20 juin lors d'une conférence de presse convoquée pour faire un état de l'avancement judiciaire de l'affaire du "hackage de QNA (Qatar New Agency)". Pour le procureur général de l'émirat, il ne fait guère de doute que ce sont des « pays voisins » qui sont à l'origine du piratage. « Nous avons des preuves montrant que des iPhones dans les pays qui nous ont imposé un blocus ont été utilisés dans ce piratage », a-t-il ajouté. Dans l'esprit de M. al-Marri, les pays voisins désignent l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahrein, ceux là mêmes qui sont à l'origine de l'embargo.

des musulmans palestiniens prient devant la mosquee al faruq detruite par l armee israelienne le 28 juillet 2014 4980985C’est le directeur d’une importante organisation humanitaire qui tire la sonnette d’alarme. Bailleur de fonds du Hamas et pilier de la reconstruction à Gaza, le Qatar qui fait face à un embargo sévère de ses voisins pourrait réduire son aide à l’étroite bande de terre palestinienne.

Mardi 6 juin, Jan Egeland, secrétaire général du Norwegian Refugee Council et ancien responsable de l’ONU pour l’aide humanitaire, a estimé que le Qatar « pourrait tailler dans son assistance à la bande de Gaza » suite à l’embargo dont il est la cible depuis le début du mois. « Le Qatar a beaucoup investi dans la bande de Gaza et contribué à l’amélioration des infrastructures. J’ai l’impression que cela pourrait ne plus être facile », a-t-il également ajouté.

Department of StateDans une allocution prononcée mardi 20 juin, le Département d'Etat a avoué sa "perplexité" face au manque d'explications apportées par l'Arabie saoudite et ses alliés du Golfe pour justifier l'isolement imposé au Qatar. Cette prise de position accentue le fossé entre les institutions américaines qui jouent l'apaisement et souhaitent clore l'épisode houleux du Golfe et Donald Trump qui reste aligné sur les positions de Riyad et Abou Dhabi.

La déclaration a été prononcée par Heather Nauert, porte-parole de la diplomatie américaine, lors d'une intervention devant la presse. "Maintenant que cela fait plus de deux semaines depuis que le blocus a commencé, nous sommes perplexes face au fait que les Etats du Golfe n'aient pas donné au Qataris ni au public de précisions sur leurs accusations visant le Qatar", a ainsi affirmé Mme Nauert. Ajoutant que "plus le temps passe, plus le doute s'épaissit à propos des actions entreprises par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis", les propos de la responsable américaine ont largement été repris et commentés par la presse qatarie qui y voit un soutien implicite à la position de l'émir.

agriculture 842103 679x417 1Suite à la décision de boycott de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, du Bahreïn et d’une série d’autres pays arabes et africains, le Qatar a été acculé à trouver des voies alternatives d’approvisionnement en matières premières et biens alimentaires. Outre la Turquie, l’Iran ou le Maroc, l’Algérie a décidé d’œuvrer pour soulager l’embargo infligé au petit émirat.

D’après la presse algérienne, le Qatar a quadruplé sa demande de produits maraîchers algériens depuis le 5 juin dernier, date du début de la crise dans le Golfe. Citant Djahid Zefzaf, président du groupe public Agro-logistique (ex-SGP Productions animales) qui exporte des produits agricoles pour Doha depuis 2016, le volume des exportations algériennes à destination de l'émirat est aujourd'hui exceptionnel, ce qui est de nature à satisfaire les producteurs du pays. « Il y a une augmentation de la demande. On a reçu des commandes pour 10 tonnes jour de produits maraîchers alors que durant la saison passée, la quantité était de 2,5 tonnes jour », a ainsi affirme M. Zefzaf.