Un potentiel économique attrayant
Le Qatar est un pays qui investit sur les cinq continents et dans des secteurs variés. Doté d’une puissance financière quasi illimitée due aux importants revenus des hydrocarbures, l'émirat a massivement investi dans des projets rentables grâce à son fonds souverains, la Qatar Investment Authority (QIA) dont l’objectif est de diversifier les ressources du pays et de générer des revenus qui permettront d’assurer le fonctionnement de l’Etat lorsque les ressources énergétiques seront taries. L'économie du Qatar, qui devrait enregistrer une croissance de 7% en 2015 et ce, « malgré la chute des prix du pétrole et les difficultés économiques mondiales », attire de nombreux investisseurs. Sur ce plan, la Belgique ne fait pas d’exception.
De plus, le pays offre également de généreuses perspectives économiques avec ses gigantesques projets d’infrastructures pour le Mondial 2022.
La construction sera d'ailleurs l’un des secteurs qui sera mis en avant par la délégation belge, de même que l’énergie, l’environnement, les soins de santé, l’agro-alimentaire, les produits de luxe ou encore les éco-technologies en soutien du programme de sécurité alimentaire du Qatar.
Le profil et l’expertise des membres de la délégation sont donc très variés allant du géant de la construction, déjà bien présent, aux PME en passant par les petits artisans spécialisés dans divers domaines.
Les investissements belges au Qatar
La Belgique entretient des relations économiques relativement importantes avec le Qatar. Une forte présence d’entreprises belges (surtout flamandes) investissent dans plusieurs grands projets d'infrastructure à Doha, dont les travaux de construction pour l’organisation de la Coupe du monde 2022. La délégation doit rencontrer des responsables gouvernementaux de haut niveau, à l'occasion du "Forum économique belgo-qatari 2015" qui se tiendra du 22 au 23 mars à l'hôtel Ritz-Carlton à Doha. Selon Marc Bogaerts, le directeur général de l’Agence belge du commerce extérieur, « entre 10 et 15 contrats et protocoles d'accord devraient être signés entre les deux pays. Ceux-ci incluront des opportunités d'investissement dans les domaines médicaux et de santé, ainsi que dans l’éco-technologie (cleantech), les produits de luxe, mais aussi dans le secteur de l'éducation ». Une série d’accords qui témoigne de la bonne santé des relations entre les deux pays.
L’ambassadeur de Belgique à Doha, Christophe Payot, a déclaré au journal qatari Gulf-Times : « nous avons les connaissances, l'expérience et la capacité de répondre aux besoins et aux normes qui sont nécessaires pour les grands projets au Qatar. Nous avons des entreprises qui se spécialisent dans des secteurs spécifiques et elles sont ici pour contribuer au développement du pays en conformité avec le Qatar Vision National 2030 ».
Dans le secteur de la construction, on peut notamment citer la très célèbre entreprise Besix, qui a participé à la construction de la Tour Tornado, du Palais des congrès, Education City, City Center, The Torch Doha et du stade Khalifa.
Bruxelles a également des sociétés spécialisées dans le secteur de la gestion de l'eau et du développement durable. On peut aussi souligner une solide coopération dans le secteur des soins de santé et de l'énergie. En Europe, la Belgique est surnommée "le jardin de l'Europe" car elle a une longue histoire dans l'agriculture, y compris dans les systèmes d'irrigation. Le Royaume pourra donc faire valoir son savoir-faire en matière de système d'irrigation.
Les investissements qataris en Belgique
Tout d’abord, le Qatar fournit la Belgique en gaz naturel liquéfié depuis 2007. A l'époque, un contrat avait été signé pour une durée de 19 ans. La Belgique a été le premier pays de l'Union européenne à acheter du GNL qatari. Un gaz importé via le port de Zeebrugge, un terminal méthanier qui permet non seulement de fournir la Belgique mais aussi les pays limitrophes tels que le Grand-Duché de Luxembourg et l’Allemagne.
Ensuite, l’émirat a également investi dans le football belge via Aspire Zone Foundation. En effet, le groupe qatari a conclu un partenariat pour une longue durée avec le Club foot de l'AS Eupen dans le but de tester des jeunes talents africains et asiatiques dans le championnat de division 2 avant de les envoyer vers Malaga ou le Paris-Saint-Germain.
Le père de l’actuel émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, a récemment investi dans la construction de la piste d'athlétisme de Malmedy, une piste « offerte » à Freddy Herbrand. Cet ancien décathlonien a grandement contribué au développement sportif du Qatar en tant qu'entraineur et puis directeur sportif.
Grâce aux relations d’amitié qu’entretiennent Freddy Herbrand et cheikh Hamad, Malmédy, une petite ville située en région germanophone, est devenue depuis une trentaine d'années, un lieu de vacances très prisé par l’élite qatarie.
Enfin, il est de notoriété publique que les investissements d'un pays dans un pays tiers se mesurent à la taille de son ambassade. Une luxueuse ambassade qatarie a récemment vu le jour. Située au cœur du quartier des ambassades à Bruxelles, elle est l'une des plus grandes ambassades du Qatar dans le monde. D'une part, elle permettra au Qatar d'avoir une meilleure visibilité dans un pays où l'émirat est peu connu. D'autre part, elle vient de l'envie d'avoir une importante représentativité dans une capitale qui accueille les sièges de l'OTAN et des institutions européennes.
Les échanges commerciaux en légère baisse
Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays s’élèvent à 1,2 milliard d'euros pour l’année 2014. Ceux-ci ont baissé comparé à 2013, et pour cause la Belgique a perdu des parts de marché au profit d'autres pays européens. Quant aux exportations belges, elles se chiffrent à quelques 200 millions d’euros seulement. Le reste est principalement constitué des exportations du Qatar en gaz naturel liquéfié (GNL), qui représente 80% des exportations de l’émirat. La Belgique devient ainsi le troisième plus gros client du Qatar de l'Union européenne. D'autre part, le Qatar est le huitième plus grand fournisseur de GNL vers l'UE.
Les questions politiques sensibles seront sans doute soigneusement éludées. La délégation belge préférera certainement miser sur l’important potentiel économique du pays et dont le développement extraordinaire entamé il y a une vingtaine d’années est loin d'être achevé.