Gaz et pétrole, fers de lance de l’économie nationale
La valeur des exportations qatariennes est passée de 108 milliards d’euros en 2014 à 49 milliards d’euros en 2016, dans un contexte de forte baisse des prix de l’or noir. Malgré sa volonté de sortir de la dépendance aux hydrocarbures, force est de constater que l’économie de l’émirat reste essentiellement tributaire de ce secteur.
En revanche, les importations ont presque doublé depuis 2006 pour atteindre un record de 28 milliards d’euros en 2016. Cette augmentation met clairement en exergue les besoins croissants du pays, principalement pour les équipements mécaniques, les aéronefs, les équipements électriques et les véhicules terrestres, secteurs qui constituent plus de 45% du total des importations.
Cependant, les importations ont diminué sur l’année 2017 à 27 milliards d’euros (- 4,5% en glissement annuel –ga-). Cette baisse est le résultat du blocus décidé par les pays voisins en juin 2017 (- 40% en juin et - 35% en juillet en ga).
2017 marquée par un excédent supérieur à 2016
L’année 2017 enregistre une hausse de l’excédent commercial de 35% en glissement annuel (28 milliards d’euros) mais celui-ci reste en deçà de plus de 65% comparé à son niveau record de 2014 (83 milliards d’euros).
Le Japon est la principale destination des exportations du Qatar (17%) suivi de la Corée du Sud (16%), de l'Inde (12%) et de la Chine (11%). L'essentiel est constitué de vente de gaz naturel, l'Asie devenant désormais le principal débouché des hydrocarbures du pays.
Par contre, les principaux fournisseurs restent l’Union européenne et les Etats-Unis, avec une part de marché cumulée de 40%, suivis du Moyen-Orient (16%). S’agissant des parts des marchés conquis par les pays émergents, celles-ci sont en forte hausse, le volume des échanges avec la Chine a presque doublé en trois ans, passant de 3% du total en 2004 à 11% en 2017.
Le Qatar reste le premier exportateur au monde de gaz naturel liquéfié (GNL) en 2017, avec une part de marché du total mondial estimée à 27%.
Il faut également noter que l’embargo enclenché en juin 2017 n’a pas fondamentalement affecté les exportations, le Qatar ayant pu honorer l’intégralité de ses ventes de gaz et de pétrole. Doha a, par ailleurs, exporté en 2017 des produits dérivés de l’aluminium, du plastique, des produits chimiques ou des engrais. Cette forte activité industrielle a été facilitée par l’ouverture l’été dernier du nouveau port Hamad qui émerge comme l’un des plus fréquentés du Moyen-Orient. En outre, le pays a introduit une plainte en juillet 2017 auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMS), au motif que les mesures prises par ses voisins violent les règlements du droit commercial international.
Quel avenir pour le commerce extérieur du Qatar ?
Selon le rapport de la Direction générale du Trésor français, « les exportations qatariennes devraient rester soutenues » pour au moins deux raisons. La première est consécutive au maintien à la hausse des prix des hydrocarbures qui ont presque triplé depuis leur plus bas niveau atteint dans la période 2014-2016. La seconde est due à l’augmentation prévue de la production du GNL (+ 30% attendue d’ici 2024), et ce grâce à la levée du moratoire sur l’exploitation des champs gaziers de l’émirat, annoncée en juillet 2017. Cependant, plusieurs économistes préviennent que Doha devra tenir compte de la rude concurrence de nouveaux acteurs du marché comme l’Australie et l’Amérique du Nord du fait de leur production accrue de gaz de schiste.
Les besoins en biens de consommation et d’équipement devraient continuer à augmenter notamment dans la perspective de la Coupe du monde 2022 et de la vive croissance démographique attendue.
Le rapport conclut en affirmant que le blocus a permis une plus grande autonomie du Qatar dans certains secteurs. Cet embargo aura incontestablement un impact sur la géographie des importations qatariennes, au détriment des pays voisins impliqués dans la crise et au bénéfice de nouveaux partenaires tels que la Turquie, l’Inde, Oman, l’Iran, le Maroc ou l'Australie.