PSG ou Barcelone? Le Qatar a deux amours…

mardi, 02 avril 2013 02:00

QATAR - Ce mardi soir, pour qui vibrera le coeur des Qataris? Pour leur dernier joujou, le Paris Saint-Germain? Pas si sûr... Car oui, le FC Barcelone est également l’une des places fortes des investissements de l’émirat.

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Présent sur le maillot catalan depuis trois ans, le Qatar avait choisi d’entrer par la grande porte avant de jeter son dévolu sur le PSG (2011). L’équipe de Lionel Messi arbore depuis 2010 un sponsor de l’émirat sur sa tunique, Qatar Foundation, qui passera le relais à un autre dès juillet prochain : Qatar Airways. La compagnie aérienne déboursera 171 millions d’euros sur trois ans, soit 57 millions par saison (10% du chiffre d’affaires du club). Avec ce contrat, la tenue barcelonaise devient même la plus chère du monde, devant le Bayern Munich (30M€) et Manchester United (24M€).

Ce tour de force constitue un fait exceptionnel pour le club fondé en 1899. Avant l’arrivée de la Qatar Foundation sur le torse des joueurs, Barcelone n’avait jamais porté le moindre sponsor, excepté l’Unicef (2006-2010), qui était offert.

 

  • Le club croule sous une dette de 340 millions d'euros

La fin d’une tradition ? "La démarche s’inscrit dans une nécessité", explique Vincent Chaudel, export sport pour le cabinet Kurt Salmon, pointant "l’inflation du montant des transferts et des salaires depuis les années 2000". Comme la plupart des clubs, le FC Barcelone croule aussi sous le poids de sa dette : 340 millions d’euros à la fin de l’exercice 2011-2012. Une offre qatari qui ne se refuse pas, donc, mais qu’il a fallu faire passer en douceur auprès des 150.000 "socios" (membres cotisants). Ces derniers ont la réputation d’être très conservateurs.

Après avoir validé l’Unicef puis la Qatar Foundation -encore teintée d’action caritative-, les fans ont accepté Qatar Airways, qui ressemble ni plus ni moins à une vente de leur âme au diable. C’est le résultat d’un processus savamment orchestré par le président barcelonais Sandro Rosell, l’homme qui a ouvert les portes à l’Etat gazier. Et avec un argument de poids : "Si le Qatar n’investit pas à Barcelone, j’ai peur qu’il aille financer le Real Madrid", relaye So Foot. De quoi forcer la main des "blaugranas".

Outre son maillot, Barcelone ouvre aussi son institution à Aspire, l’académie sportive de l’émirat. Cette dernière y envoie ses jeunes pouces, dans le but de poursuivre le développement de la future nation sportive. Avec un but précis : la Coupe du monde de football, qu’elle organisera sur ses terres en 2022. Il se murmure même que Josep Guardiola, l’ancien capitaine et entraineur adulé de Barcelone, pourrait y diriger la sélection nationale. Ce dernier avait déjà offert ses services comme ambassadeur de la candidature qatari, moyennant un cachet évalué à 25 millions d’euros. Quand on aime…

  • "Quoi de mieux que d’associer son nom à Barcelone"

"Le Qatar est friand de ce qui se fait de mieux dans tous les secteurs d’activité", explique Nabil Ennasri, auteur de L’Enigme du Qatar (Armand Colin, 2013). Il est vrai qu’avec Barcelone, il dispose d’une vitrine de choix. Grâce au club 21 fois champion d’Espagne, c’est l’assurance de s’associer aux succès passés et à venir de cette équipe mythique.

"Que voient les gens lorsque Lionel Messi marque un but en Ligue des Champions", interroge volontairement ce spécialiste de l’émirat ? "Le Qatar". La compétition reine offre une visibilité maximum, avec 1,1 milliard de téléspectateurs selon les chiffres que nous a fourni l'UEFA, "dont 120 millions rien que pour la Chine", rajoute Virgile Caillet, directeur du cabinet Kantar Sport. Pour cet expert du marketing sportif, "c’est une assise très confortable en terme d’audience et de valorisation de la marque Qatar."

L’aura du FC Barcelone ne date pas d’aujourd’hui. Si la star du moment c’est Lionel Messi, le triple Ballon d’Or n’est que le dernier-né d’une constellation de stars mondiales : Cruijff, Maradona, Stoitchkov, Romario, Ronaldo (photo ci-dessous), Figo, Ronaldinho ou Eto’o… Tous ont brillé sur la pelouse du Camp Nou, rappelant qu’il y a bien une "tradition" Barça.

"C’est une cible idéale et privilégiée, qui permet de s’assurer une communication permanente", note Nabil Ennsari, rejoint par Vincent Chaudel de Kurt Salmon : "Quoi de mieux dans le sport que d’associer son nom à celui du FC Barcelone !"

  • Pourquoi avoir racheté le PSG et pas Barcelone ?

Le Paris Saint-Germain, bien que performant depuis l’arrivée de Zlatan Ibrahimovic, est encore un club à l’aura réduite. Si le club catalan représente la référence mondiale, pourquoi le richissime émirat n’a-t-il pas tenté de le racheter ?

"Tout simplement parce que le club n’est pas à vendre et qu’il appartient à ses socios", explique l’expert Vincent Chaudel. Et pourquoi n’avoir pas tenté d’acquérir un autre club à la réputation mondiale ? "Il y a des limites à la mégalomanie", prévient Nabil Ennasri, rappelant que le Qatar "ne jette pas l’argent par les fenêtres et répond à une logique économique."

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Le rachat d’un très grand club aurait coûté la bagatelle de 1 à 2 milliards d’euros. Le Paris Saint-Germain offre ainsi un bien meilleur rapport qualité-prix avec ses 75 millions. "Et en investissant 150 millions d’euros en transferts de joueurs au PSG, le Qatar est quasiment certain de faire la Ligue des Champions chaque année", souligne le cabinet Kurt Salmon. Du côté de Manchester City, racheté par le voisin d'Abu Dhabi, c’est près d’un milliard d’euros qui ont été dépensés. Sans grand résultat, à cause de la concurrence archarnée.

Aussi, ni le club catalan -et encore moins Manchester- n'ont l'attrait du club détenu par Doha. "La ville de Paris a une dimension symbolique et prestigieuse que Barcelone n’a pas", explique Nabil Ennasri, rappelant que la capitale française est aussi la première destination touristique mondiale, donc une vitrine intéressante. "Le Qatar aime Paris et la France en particulier" conclut Vincent Chaudel. Un élément qui n’est pas à écarter, si l’on considère les liens noués entre les deux Etats. Le Qatar est le pays qui a été le plus grand nombre de fois reçu à l’Elysée depuis le début du quinquennat de François Hollande. Barcelone semble si loin maintenant.

Source : http://www.huffingtonpost.fr/2013/04/02/football-qatar-barcelone-paris-psg-ligue-champions_n_2995516.html

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