Nabil Ennasri

Nabil Ennasri

beefc69a4b0d4b6aac13938ee98f0103 18Tribune de Nabil Ennasri dans le journal La Croix sur la place qu'occupe Al Jazeera dans l'édifice diplomatique du Qatar et les raisons qui poussent les pays du blocus à vouloir la fermer. 

"Pourquoi Al-Jazira gêne-t-elle les monarchies du Golfe ? L’avis de Nabil Ennasri". Spécialiste du Qatar, auteur de L’Énigme du Qatar (Éditions Armand Colin)

Le site "diplomatie.fr" a évoqué les différents scénarios qui pourraient être mis à l'oeuvre pour sortir de la crise du Golfe avec mention des analyses de L'observatoire du Qatar : 

http://www.ladiplomatie.fr/2017/07/03/crise-qatar-arabie-saoudite-france/

enemyPour la troisième fois en deux semaines, des forces armées turques ont été déployées au Qatar. L’arrivée de ces nouveaux soldats est destinée à étoffer l’effectif de la base militaire permanente que la Turquie a installé dans l’émirat.

Le moment de la venue de ce nouveau contingent n’est pas anodin. En effet, alors qu’il ne reste que trois jours avant la fin de l’ultimatum adressé par le quartet (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Bahreïn et Egypte) au Qatar, la tension monte dans la région. Preuve de l’escalade verbale, certains médias saoudo-émiriens évoquent ouvertement la possibilité d’une action militaire en vue de forcer Doha à se plier aux exigences de ses voisins.

al jazeeraLes condamnations réfutant l’idée d’une fermeture brutale d’Al Jazeera se multiplient à travers le monde. Exigée par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte, cette requête s’oppose aux normes internationales et fragilise le droit à l’information au Moyen-Orient.

Mercredi 28 juin, plusieurs institutions ont tenu à s’exprimer pour faire part de leur position sur la volonté de certains pays arabes de fermer Al Jazeera. Bras médiatique du Qatar, la chaîne se trouve au centre d’une polémique internationale depuis que les Etats auteurs du blocus contre le Qatar ont intégré sa fermeture comme l’une des conditions à un retour à la normale.

170627123132 01 tillerson al thani file exlarge 169Alors que la crise s'installe dans sa troisième semaine, les Etats-Unis s'activent pour trouver une issue. A cinq jours de la fin de l'ultimatum fixé par les auteurs du blocus, le Qatar semble ne pas devoir s’incliner.

Mardi 27 juin, le chef de la diplomatie américaine a appelé les différents acteurs de la crise du Golfe à rester « ouverts à la négociation ». Cette déclaration arrive alors que Rex Tillerson s’est entretenu successivement avec ses homologues saoudien et qatari sans que ces rencontres ne donnent lieu à des avancées majeures.

Qatar Turkey HoroRecep Tayeb Erdogan a jugé "contraire au droit international" le blocus que l'Arabie saoudite, les Emirats, l'Egypte et Bahrein ont imposé au Qatar. Liée par un accord de défense stratégique avec Doha, la Turquie se révèle être l'allié du Moyen-orient le plus solide pour le Qatar. 

En sortant de la grande prière à l'occasion de la fête de l'Aïd el-Fitr qui célèbre la fin du mois de Ramadan, le président turc s'est exprimé sur la liste des treize demandes formulées par Riyad, Abou Dhabi, Manama et Le Caire. Ces exigences formulées quelques jours auparavant comprennent notamment la baisse des relations avec l'Iran, la fermeture de la chaîne al-Jazeera et l'interruption de la coopération militaire avec la Turquie.

5148612 3 de5f le prince mohammed ben salman assiste aux 5dbc1919482dcafcb82420743f5b5066Vendredi 23 juin, Riyad, Abou Dhabi, Manama et Le Caire ont adressé via le Koweït une surprenante liste de doléances au Qatar dans le but de mettre fin à la crise. Composé de treize points, le texte qui fait figure de demande de capitulation à l’adresse de Doha risque d’envenimer un climat régional de plus en plus critique.

Dans l’ordre, cette liste exige du Qatar les mesures suivantes :

1) La rupture de toute coopération militaire et sécuritaire avec l’Iran en abaissant le niveau des relations et en fermant la représentation diplomatique de Téhéran à Doha.

XVM685d9efe ee5e 11e4 bf2f 155698404512L'émir du Qatar a félicité mercredi 21 juin Mohamed ben Salman en sa qualité de nouveau prince hériter d'Arabie saoudite. Le chef d'Etat a appelé à "des relations fraternelles" malgré la crise profonde qui clive les relations entre les deux pays.
Selon les médias locaux, l'émir Tamim ben Hamad al-Thani a envoyé un message de félicitations à la famille royale saoudienne. Le propos a été adressé au roi Salman "à l'occasion de la nomination du prince Mohammed comme prince héritier" du royaume, a indiqué l'agence officielle qatarie QNA (Qatar News Agency). Malgré la forte tension de ces derniers jours et la rupture des relations bilatérales, le texte exprime l'espoir de voir s'établir des "relations fraternelles entre les deux pays frères".
 
Mohamed ben Salman a été désigné par un décret royal prince héritier à la place de son cousin, le prince Mohamed ben Nayef. Cette désignation illustre la montée en puissance du préféré des enfants du monarque qui devient de facto, l'homme le plus puissant du pays. Cette décision revêt un rôle capital puisqu'à la mort du roi Salman (81 ans), c'est la première fois que l'Arabie Saoudite sera théoriquement dirigée non pas par un enfant direct du fondateur du royaume mais par un de ses petits-fils. Très lié à l'appareil d'Etat américain et émirien et artisan de la manière forte dans l'appréciation des dossiers régionaux, Mohamed ben Salman est aussi l'homme du programme "Vision 2030". Ce projet doit amener l'économie saoudienne à sortir à marche forcée de la dépendance au pétrole. 

8e07e06d 0b62 441f 93bf ceb02c819c19"Nous avons suffisamment de preuves pour les accuser". C'est par ce propos que le procureur général du Qatar, Ali ben Fetais al-Marri a accusé les pays voisins d'être impliqués dans l'attaque informatique qui avait visé fin mai l'agence de presse officielle du pays.

Sa déclaration est tombée mardi 20 juin lors d'une conférence de presse convoquée pour faire un état de l'avancement judiciaire de l'affaire du "hackage de QNA (Qatar New Agency)". Pour le procureur général de l'émirat, il ne fait guère de doute que ce sont des « pays voisins » qui sont à l'origine du piratage. « Nous avons des preuves montrant que des iPhones dans les pays qui nous ont imposé un blocus ont été utilisés dans ce piratage », a-t-il ajouté. Dans l'esprit de M. al-Marri, les pays voisins désignent l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahrein, ceux là mêmes qui sont à l'origine de l'embargo.