Beaucoup de monde avait donc répondu à l'appel. Des acteurs majeurs du CAC 40 d'abord avec la présence de hauts représentants de Total, Véolia, Vivendi et même de la Caisse des dépôts. Une apparition logique étant donné les liens économiques de plus en plus forts qu'entretient le Qatar avec la France. Plusieurs écrivains et journalistes aussi. Georges Malbrunot et Christian Chesnot, auteurs de l'essai "Qatar, les secrets du coffre-fort" qui révèle les côtés obscurs de l'émirat, avaient aussi fait le déplacement. Entre deux coupes de champagne, on pouvait déceler la présence de diplomates étrangers, celle de Jack Lang venu avec une partie de la direction de l'Institut du monde arabe ou des figures du journalisme parisien comme Yves Thréard du Figaro ou Maurice Szafran, patron démissionnaire de Marianne. Mais le cœur de l'assistance était surtout composé de personnalités politiques de tous bords qui, par leur présence, ont souhaité témoigner leur amitié à un diplomate qui semblait faire l'unanimité tant à droite qu'à gauche.
Succédant au discours de l'homme de la soirée, c'est Manuel Valls à qui est revenu l'honneur d'adresser un propos auquel ne pouvait que souscrire ses prédécesseurs Place Beauvau. C'est en effet à proximité de Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin et Claude Gueant que le numéro deux du gouvernement a tenu à saluer le "partenariat stratégique" entre les deux pays "qu'il faut faire vivre et approfondir." D'autres élus et d'anciens ministres avaient répondu à l'invitation dont bon nombre de personnalités de gauche. Outre l'actuel président du groupe PS à l'Assemblée nationale Bruno Leroux, on pouvait y croiser le député Nicolas Bays, le président de la région PACA Michel Vauzelle ou l’ex-candidate à la présidentielle Ségolène Royal. Si prompt à accuser impunément certaines associations d'être financées par le Qatar, on devrait donc bientôt lire une analyse fouillée de Caroline Fourest démontrant combien son ami Manuel Valls serait lui aussi soudoyé par l'émirat.
Cet aréopage de personnalités politiques de premier plan démontre l'étendue du réseau que s'était constitué l'ambassadeur du Qatar. Un réseau qu'il a pris soin de cultiver durant sa décennie d'exercice. Acteur majeur du rapprochement entre les deux capitales, celui qui va prochainement prendre la direction de l'ambassade du Qatar à Washington a été de tous les grands dossiers. Des liens plutôt timides sous l'ère Chirac, il a accompagné l'envolée spectaculaire de la relation sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy tant dans ses implications politiques (libération des infirmières bulgares, lancement de l’Union pour la méditerranée etc) que dans sa traduction économique (signature de méga-contrats notamment avec Qatar Airways). Mais c'est aussi sur le volet culturel qu'il a laissé son empreinte. Publié aux éditions Michel Lafon, l'ouvrage « Qatar-France, une décennie de diplomatie culturelle » qu'il vient de signer retrace ces dix années au cours desquelles l'ambassade a mené une importante activité culturelle. D’expositions célébrant le dialogue des cultures aux prix de la solidarité décernés aux quatre coins de l’Hexagone en passant par les réceptions en l’honneur d’artistes ou d’écrivains tels Plantu, Régis Debray ou Emmanuel Todd, le bilan est révélateur de l’activisme d’un homme que certains n’ont pas hésité à qualifier comme "l'un des ambassadeurs les plus actifs dans la capitale française". Un héritage que son successeur, Cheikh Michaal Al Thani qui doit arriver dans les prochains jours, aura la tache assez ardue d'endosser et de prolonger.