Conseillé par un avocat dont le profil scelle la jonction entre l'extrême-droite et certains milieux pro-israéliens, la défense de l'élu s'est mise en mouvement en trois temps.
Défense du FN en trois étapes
Il y a d'abord eu une offensive médiatique tous azimuts consistant à jeter un nuage de suspicion sur le Qatar afin de prouver la bonne foi des accusations portées sur l'émirat. A ce jeu, le vice-président du parti frontiste s'est répandu dans de nombreux médias pour multiplier les sorties incendiaires. Il y a eu ensuite l'étape de la contre-attaque judiciaire où F. Philippot a dévoilé que son avocat ne sera pas le traditionnel défenseur du FN mais Gilles-William Goldnadel, personnalité marquée à droite, membre influent du CRIF et soutien du groupuscule violent LDJ. Enfin, il y a eu cette requête auprès du président de la République afin d'interpeller François Hollande pour que ce dernier rappelle les fondamentaux du fonctionnement des institutions. Par cette sollicitation, l'eurodéputé souhaitait surtout mettre à mal le président de la République : si ce dernier lui répondait positivement, ce serait alors une forme de reconnaissance du bien-fondé de sa stratégie. En cas contraire, le numéro deux du FN pourrait se répandre en accusant le président de compromission avec "l'émirat esclavagiste".
C'est d'ailleurs ce que s'est empressé de faire Florian Philippot. Dès la réponse de l'Elysée qui le déboutait de sa demande et l'orientait vers la Garde des Sceaux, le vice-président du Front national a eu des mots très durs, la qualifiant d'"indigente, dédaigneuse et méprisante". A en croire Florian Phlippot, le président de la République n'avait pas le droit de refuser de souscrire à sa demande.
Double jeu du FN
Il est curieux de constater le double jeu du FN dans cette histoire. Le FN n'en finit pas de stigmatiser le Qatar en dépeignant cet Etat comme une "dictature islamiste" et en fustigeant les liens de ce pays avec la France. En revanche, cela ne gêne pourtant pas le FN d'applaudir le coup d'Etat égyptien et de féliciter la venue en France de l'autocrate égyptien Abdelfettah Al Sissi. Le FN semble, sur ce coup, être pris à son propre piège et révèle, en creux, l'arrière plan géopolitique de son entreprise de diabolisation puisqu'il semble relayer les charges de ses parrains étrangers. A force de dénoncer la collusion de la France avec des "dictatures" du Golfe, il oublie qu'il est lui même l'allié de dictatures encore plus féroces.