Le Qatar lance un projet pour former 400 000 réfugiés syriens

samedi, 24 septembre 2016 11:46

enfantsyrienecoleLa Banque du Qatar pour le développement a lancé, jeudi 22 septembre, l'initiative "Le Qatar pour éduquer et former les réfugiés syriens, QUEST" en marge de la 71e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.

Le ministre d’État aux Affaires étrangères, Sultan Ben Saad al-Muraikhi a annoncé le lancement de cette initiative à l’occasion d’une cérémonie tenue à New York en présence de nombreux hauts fonctionnaires de l'ONU, de ministres et de responsables d’organisations de la société civile.

Le ministre qatari a déclaré que le projet visait à s'assurer que les enfants et adolescents qui subissent les conséquences de la guerre en Syrie bénéficient de l'éducation et d'un cadre scolaire leur permettant un avenir éducatif qui soit plus prometteur que l'horizon de guerre et de privations dans lequel ils ont trop longtemps été confinés.

Pour sa part, le directeur général de la Banque du Qatar pour le développement, Khalifa ben Jassem al-Kuwari a souligné que l'investissement dans le secteur de l'éducation est le premier moyen pour arriver à un retour à la vie normale en Syrie, pierre angulaire de son avenir et de sa reconstruction.

Ce programme de formation nommé en anglais "Qatar Upholding Education for Syrians' Trust QUEST" dispose d'un budget qui dépasse la somme de 100 millions de dollars. S’étalant sur une durée de cinq ans, il vise à fournir une éducation et une formation à près de 400 000 déplacés syriens et réfugiés en Jordanie, au Liban, en Irak et en Turquie.

La Banque du Qatar pour le développement procédera à la réalisation de ce projet en collaboration avec de nombreuses organisations humanitaires qataries et internationales notamment avec l’UNICEF, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (BCAH) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.

Du soulèvement pacifique aux crimes de guerre

Pour rappel, en mars 2011, le peuple syrien s’est soulevé dans le sillage du printemps arabe contre le régime de Bachar al-Assad. Face à la répression sanglante du régime aidé par des milices iraniennes et du Hezbollah, ce soulèvement pacifique s’est progressivement transformé en conflit armé. Selon l'intellectuel Burhan Ghalioun, l’élément déclencheur de cette militarisation fut la fuite en avant d’une violence inouïe du pouvoir central avec notamment l’usage indiscriminé de la torture et des viols à grande échelle. Plus de cinq ans après l’éclatement d'une révolution prometteuse au départ, le pays est ravagé par la guerre. En bombardant sa population, les écoles, les hôpitaux et les convois humanitaires, le régime syrien, appuyé par l’aviation russe est accusé de commettre des crimes de guerre. A cela, il faut ajouter la violence des groupes terroristes qui menacent la population et la stabilité du pays. Plus de cinq millions de Syriens se sont réfugiés dans les pays limitrophes, la moitié de la population restée dans le pays est déplacée et le nombre de morts, de blessés et de disparus dépasse le demi-million.

Plusieurs projets initiés par le Qatar

L'émirat a par ailleurs participé à de nombreux projets de soutien aux enfants syriens, notamment dans la construction d’écoles en Syrie ou dans la mise en place de l’un des plus grands orphelinats au monde qui accueillera à terme un millier d’enfants dans le sud de la Turquie. En avril dernier, on estimait que plus de 700 000 enfants syriens avaient perdu la trace de l’un de leurs parents. Deux millions d'enfants vivent dans des zones où la livraison de l'aide humanitaire est devenue extrêmement difficile tandis que plus de 2,1 millions d'enfants ne peuvent plus aller à l'école. Cette situation fait de la situation syrienne "la pire des tragédies humanitaires que le monde a connu depuis le génocide du Rwanda en 1994" d'après un rapport de l'ONU de juillet 2013.

Contrairement à certaines déclarations largement reproduites dans les médias, le Qatar a bel et bien accueilli des réfugiés syriens. Selon une étude de Françoise De Bel-Air, spécialiste des mouvements migratoires, l’émirat compte 40 000 réfugiés syriens. Ceux-ci ne sont pas placés dans des camps mais intégrés au sein de la société, avec un visa de résidence  puisque le statut de réfugié n’existe pas dans l'émirat. En effet, le Qatar à l’instar de ses voisins du Golfe n’est pas signataire de la convention de Genève de 1951 qui a créé le statut de réfugié. Celle-ci impose aux pays d’accueil d'accorder l'asile aux personnes fuyant les conflits et les persécutions.

Depuis le début du soulèvement en mars 2011, le Qatar a dépensé près de deux milliards de dollars en soutien humanitaire, principalement destinés aux démunis installés dans les pays limitrophes de la Syrie.

 

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