Conjuguer jeunesse et innovation
Durant les semaines qui ont précédé l’émission de télé-réalité qui a débuté le 17 septembre, un casting a été lancé dans plusieurs pays arabes qui a sélectionné les idées les plus originales auprès d'un panel de jeunes âgés de 18 à 30 ans dans différents domaines. L'échantillon de candidats a ensuite été laissé à l’appréciation d’un jury composé de scientifiques qui a finalement opté pour neuf participants.
Le programme va donner l’opportunité aux neuf inventeurs sélectionnés de venir durant trois mois à Doha, capitale du Qatar, où ils seront conseillés par des ingénieurs et des spécialistes en design dans les laboratoires du Parc des sciences et des technologies du Qatar (QSTP), filiale de la Fondation du Qatar. Dans ces locaux high-tech, les entrepreneurs vont devoir relever de nombreux défis pour convertir leurs idées virtuelles en produits finis.
Fidèle au principe de la télé-réalité, les épisodes retraceront à la télévision l’évolution du projet d’invention, tout en présentant le profil des candidats. Leur parcours, leurs espoirs, leurs doutes et difficultés seront alors mis en lumière. Lors des saisons précédentes, le monde scientifique a bénéficié d’inventions inédites comme celle développant une articulation en 3D pour robot. Permettant un mouvement rotatif remarquable, elle a été imaginée par un participant égyptien. De même, l'invention de l’Algérien Mohamed Doumir, vétérinaire de 28 ans, qui a remporté le concours en 2013 a marqué les esprits. Sa découverte a permis de commercialiser sa contribution consistant en un "diagnostic des boiteries et des blessures cinétiques" des animaux. Dans une interview accordée au quotidien algérien Liberté, l’heureux gagnant, au profil atypique, explique sa passion très singulière pour la médecine vétérinaire : "Je me suis spécialisé dans la radiologie des dromadaires et des chevaux blessés lors des courses. Je suis le seul vétérinaire au monde qui pratique l’acupuncture chinoise sur les dromadaires."
Transformer pour concrétiser
Tout au long de l’émission, les neuf créateurs s’affronteront pour transformer leurs prototypes en projets potentiellement viables. Les quatre meilleurs candidats seront ensuite sélectionnés et participeront à une finale au cours de laquelle ils se partageront la somme de 600 000 dollars. La part de chacun des finalistes sera déterminée en fonction du vote du jury et du public. En outre, les projets les mieux ficelés permettront aux gagnants de bénéficier d’un coup de pouce marketing, indispensable à la faisabilité de leurs idées.
Le jury de l’émission est composé d’experts reconnus dans leur discipline au niveau international. Il s'agit du Docteur Ahmed K. al-Magarmid, Directeur Exécutif du Qatar Computing Research Institute ; du Professeur Abdelhamid al-Zoheiry, Président de l’Université Euro-Méditerranéenne (EMUNI) et conseiller du ministre égyptien de l’Education supérieure et de la Recherche ; du Docteur Hosni Ghedira, Chef du département de chimie et d’environnement de Masdar et Directeur d'un centre de recherche sur la cartographie et l’évaluation des énergies renouvelables ; de Aysha al-Mudahka, CEO du Qatar Business Incubation Center ; du Professeur Fouad Mrad, Directeur Exécutif du centre régional pour la technologie de la CESAO (ESCWA). Le public pourra quant à lui voter en ligne.
Cette émission est animée par un journaliste qatari connu et apprécié du public arabe, Khalid al-Jumaily. Après avoir étudié le journalisme en France, il a débuté comme chroniqueur à la radio francophone qatarie Oryx FM. Il est actuellement journaliste sportif.
L’émission de docu-réalité qui était au départ relayée sur 17 chaînes arabes sera diffusée sur la chaîne saoudienne de divertissement MBC4 avec 10 épisodes hebdomadaires chaque samedi soir en « Prime Time ». La finale sera retransmise en direct le 19 novembre prochain.
Les résultats de cette émission sont impressionnants puisque parmi les 92 candidats qui ont participé aux émissions de « Stars of Science », beaucoup se sont lancés dans la commercialisation de leurs produits. D'autres partagent leur expertise dans des instances internationales ou sont devenus consultants dans la formation de futurs inventeurs. Au total, 76 brevets d’inventions ont été déposés et 17 entreprises ont été créées. De plus, ce programme de télé-réalité gagne de plus en plus en visibilité sur la toile. En effet, la page Facebook de l'émission réunit plus de deux millions de fans et ses comptes Twitter, YouTube et Instagram cumulent plus de 50.000 suiveurs. Le concept semble avoir le vent en poupe car depuis le début de l'aventure, ce sont des dizaines de milliers d’inventeurs de la région qui ont soumis leurs idées à « Stars of Science ».
De l’économie des hydrocarbures à l’économie de la connaissance
Fondée en 1995 par l’émir Hamad (père de l’émir actuel cheikh Tamim), la Fondation du Qatar pour l'Education, la Science et le Développement est un organisme privé à but non lucratif qui soutient le Qatar dans sa mutation d'une économie des hydrocarbures à une économie de la connaissance. Présidée par cheikha Mozah (mère de l’émir actuel), elle accueille un campus universitaire composé des meilleures universités du monde afin de créer un secteur de l’éducation développant les aptitudes et les compétences nécessaires dans un pays qui ambitionne de devenir un carrefour de la connaissance. Dotées d'infrastructures modernes, disposant de budgets conséquents dans différentes filières et souhaitant libérer le potentiel innovateur dont recèle le monde arabe, la Fondation du Qatar finance également de nombreux centres de recherche dans la région. Soucieuse de son image à l'international, elle s'affiche sur le maillot du FC Barcelone depuis plusieurs années.
Le programme "Stars of Sciences" réunira devant l’écran des milliers de passionnés d’innovations technologiques et scientifiques. Une émission de télé-réalité ludique pour toute la famille qui, comme le précise Ali Hariri, représentant du programme, “sort la science de son côté rébarbatif et ennuyeux”. Cette initiative permet de briser les idées reçues sur une jeunesse arabe peu encline à la créativité et de se rendre compte des potentialités grandissantes qui n’attendent qu’à se révéler.