Les pays du Golfe détiennent le triste record de plus grands pollueurs au monde par habitant

mercredi, 09 novembre 2016 22:50

Qatar pollutionSelon un récent rapport, le Qatar, le Koweït, les Emirats arabes unis et Oman se classent dans le top 10 des pays dont l’empreinte carbone est la plus élevée par habitant.

Si tout le monde sait que les plus gros pollueurs de la planète sont la Chine et les États-Unis avec respectivement 10,33 et 5,3 gigatonnes (milliards de tonnes) de dioxyde de carbone (CO2) rejetés dans l’atmosphère, le classement est différent si l’on prend comme unité de mesure les émissions de gaz carbonique par habitant. Selon cette méthode de calcul, les poids lourds de l’économie mondiale sont loin d’arrivés en tête et de manière surprenante, on observe que ce sont les petits Etats pétroliers ou de petites îles qui sont sur le podium.

Les pays du Golfe, mauvais élèves

Selon le rapport publié par le Emissions Database for Global Atmospheric Research (EDGAR), les trois premières places sont en effet occupées par les Antilles néerlandaises, l’île de Montserrat (dépendance du Royaume-Uni) et le Qatar. Ce trio rejette respectivement 100, 60 et 39 tonnes de CO2 par habitant et par an. Viennent ensuite le Koweït (28,33), Trinité-et-Tobago (25,31), les Émirats arabes unis (21,29), le Luxembourg (19,34), le sultanat d'Oman (18,92), Brunei (17,51) et enfin l'Australie (17,30). La France se classe à une honorable 66e place avec 5 tonnes par habitant, les Etats-Unis sont 12e et la Chine 40e. A contrario, les habitants les moins pollueurs de la planète sont les Tchadiens, les Burundais et les Congolais.

Des efforts réels mais pas suffisants

Ces statistiques donnent à voir une situation dramatique des pays du Golfe. Monarchies pétro-gazières et grands exportateurs d’hydrocarbures, ces Etats sont aussi de grands consommateurs d’énergie (pour leur besoin personnel) et leur système de développement reste trop souvent basé sur un consumérisme débordant. Le Qatar fait figure de plus mauvais élève de la zone ; depuis 1995, l’émirat se classe régulièrement en tête de ce triste palmarès notamment en 2005 lorsque le pays a vu sa consommation domestique par habitant atteindre le chiffre record de 65 tonnes de CO2 par an. Conscient de ces mauvais chiffres et de la nécessité de repenser les fondamentaux du système économique, les autorités ont inscrit comme objectif prioritaire du Qatar National Vision 2030 la mise en place d’une économie diversifiée dont la part du développement durable serait prépondérante.

Depuis la fin des années 2000, Doha a ainsi fait des efforts et a presque réduit de moitié ses rejets de gaz carbonique. Le gouvernement a impulsé un plan destiné à faire rentrer dans les consciences (via notamment la révision des programmes scolaires) la préservation de l’environnement et développe des dispositifs d’incitation afin de convertir des pans entiers de l’économie dans le sens du développement durable. Lors de la réunion de l’ONU sur le climat qu’il a accueilli en décembre 2012, le pays a annoncé le lancement d’une série de projets afin de réduire graduellement ses émissions de gaz à effet de serre. Des investissements de plusieurs dizaines de millions de dollars ont été décidés ainsi que la collaboration avec des centres de recherche étrangers ont été signés, notamment avec le Potsdam Institute for Climate Impact Research qui doit permettre à la Qatar Foundation de mettre en place un institut spécialisé dans la lutte contre le dérèglement du climat. Bien que, depuis quelques années, les émissions de CO2 soient à la baisse et que des projets novateurs aient été lancés (comme la première centrale d’énergie solaire du pays), cette tendance aussi réelle soit-elle est encore insuffisante pour modifier substantiellement le mode de vie énergivore des habitants du Qatar.

Et comme le révèlent de nouvelles études, malgré les effets d’annonce des différents émirats affirmant vouloir organiser de grands évènements écologiquement propres (Mondial du football pour le Qatar en 2022 ou Exposition universelle pour Abou Dhabi en 2020), le chemin est encore long pour voir ces pays mettre en place de véritables plans de développement qui réduiraient drastiquement leur surexploitation des énergies fossiles dont la production toujours grandissante ne fait qu’aggraver la crise écologique.

 

 

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