L’analyse de ces résultats montre que le Qatar est classé 60e avec un score moyen de 418 contre 384 en 2012. En mathématiques, le pays a obtenu 402 points ce qui représente une amélioration de 26 points sur son score précédent tandis que pour la lecture, son niveau a augmenté de 15 points pour s'établir à 402. L'émirat est arrivé derrière les Emirats arabes unis (47e), les deux seuls pays du Golfe à participer à l'enquête.
Des réformes nécessaires du système éducatif
La volonté d'améliorer le système éducatif national et de le rapprocher des standards internationaux est une priorité constante des différents gouvernements depuis la fin des années 1990. Il y a une dizaine d’années, Doha avait progressivement mis en place les recommandations émanant du think tank américain RAND Corporation visant à réviser la qualité de son système d'éducation qui était considéré comme défaillant, notamment en matière de socles de compétences. Plus récemment, les autorités ont approuvé un plan qui adoptera une approche plus cohérente et plus centralisée de son dispositif afin de poursuivre l'œuvre de réformes.
Lors de la réunion du Cabinet ministériel qui s’est tenue le 6 décembre dernier, un projet de loi sur les écoles publiques a été approuvé. Celui-ci doit encore être soumis au Conseil consultatif pour approbation. A l’issue de cette réunion, le vice-Premier ministre et ministre d'Etat pour les Affaires du Cabinet ministériel, Ahmed ben Abdallah ben Zaïd al-Mahmoud a déclaré à l’agence de presse qatari QNA que : « En vertu du projet de loi, l'État met en place des écoles publiques et leur fournit les fonds nécessaires pour s'acquitter de leur rôle dans l'éducation des jeunes et de promouvoir l'innovation et l'excellence en matière d'éducation. Le ministère de l’Education les supervisera afin d'obtenir une éducation de qualité. »
Il a notamment été question de mieux fixer la durée des études dans les écoles publiques. L’enseignement primaire comportera un cycle de six ans et l’enseignement secondaire aura également une durée de six ans.
Le monde arabe à la traîne en matière de lecture
Malgré le volontarisme de l'élite politique, les scores obtenus par le Qatar restent en deçà de la moyenne de l’OCDE. Selon un spécialiste qatarien de l'éducation, les résultats médiocres sont surtout dus au fait que les étudiants arabes sont souvent incapables de lire à une vitesse suffisante pour répondre aux questions posées dans les temps impartis. Dans un rapport publié dans le quotidien émirati The National, Natasha Ridge, directrice exécutif de la Fondation cheikh Saud ben Saqr al-Qasimi pour la recherche a déclaré : « Nous constatons un faible niveau des performances dans le monde arabe. Il faudrait redoubler d'efforts pour améliorer le niveau de lecture dans les programmes de la petite enfance afin d'y remédier. »
De bons résultats en sciences
Bien que les conclusions du rapport PISA sur le Qatar soient décevants en matière de lecture, le pays a été loué pour les progrès réalisés dans l'enseignement des sciences. En effet, alors que les résultats scientifiques de la plupart des nations sont restés statiques depuis 2006, l'émirat est l'un des six pays où la performance moyenne s'est améliorée. Le rapport montre par ailleurs que les filles (39,9 %) ont plus tendance à se diriger vers une carrière scientifique que les garçons (36,3 %). De plus, il n'y a aucune différence entre les deux sexes en termes de leur appréciation des leçons en science.
Problèmes d'absentéisme
Cependant, le rapport pointe du doigt le pays pour son taux d’absentéisme élevé. Au cours de leurs travaux, les enquêteurs avaient ainsi demandé aux élèves de signaler s'ils s’étaient absentés au cours des deux semaines précédant le jour du test. 40% des étudiants ont répondu qu'ils avaient séché au moins une journée d’école, soit deux fois plus que lors du dernier examen PISA en 2012. Cela signifie que le Qatar a enregistré l'un des taux d'absentéisme les plus élevés du panel (le pays se classe à la neuvième place sur ce critère). Problème récurrent dans le pays notamment dans le monde professionnel, le fléau de l'absentéisme sera sans nul doute l'un des chantiers prioritaires à régler pour le prochain plan quinquennal du gouvernement.
L'éducation comme axe stratégique
Même si les résultats de l'enquête sont ambivalents, l’éducation constitue un axe stratégique pour l’émirat qui veut assurer sa pérennité en devenant indépendant de la rente pétrolière en passant de l'économie de rente à celle de la connaissance. De nombreuses initiatives ont été impulsées dans ce sens depuis l’accession au trône de cheikh Hamad en 1995, la plus emblématique étant le WISE (World Innovation Summit for Education). Plus de 2000 participants de 150 pays sont représentés annuellement dans ce qui est généralement qualifié de « Davos de l’éducation ». L’édition de cette année a eu pour thème « Investing for Impact : Quality Education for Sustainable and Inclusive Growth » (Investir pour avoir un impact : Education de qualité pour une croissance durable et inclusive). Crée en 2009 par la Qatar Foundation, le WISE est une initiative qui met au cœur de ses actions l’éducation comme clé du renouvellement des sociétés civiles. L'évènement émerge comme la première conférence internationale qui réunit les décideurs et innovateurs de l'éducation après la ratification par les Nations Unies des Objectifs de Développement Durable.