Parmi leurs principales revendications, les organisateurs dénoncent le “financement de groupes armés qui vendent des esclaves en Libye”, exigent la fin du “trafic humain et l’esclavage des Africains à Dubaï” et la cessation des actes de “torture et meurtre de migrants africains en Libye”.
La focalisation des revendications sur la Libye peut s'expliquer pour deux raisons. D’abord, ce pays exsangue a récemment défrayé la chronique suite au tragique épisode relaté par certains médias d’une “vente d’esclaves”. Alors que le monde pensait que cette pratique appartenait au passé, voir resurgir ce type de comportements inhumains a mis en émoi toute la communauté internationale. De plus, la Libye, en proie à des luttes fratricides depuis 2011, est en partie sous la coupe du général Haftar. Ce ex-général de l’armée de Kadhafi qui se prend pour l'homme fort du pays ambitionne, grâce à l’aide militaire et financière massive qu’il reçoit des Emirats arabes unis et de l’Egypte, de réunifier l’ensemble du pays sous son autorité. Or, plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont fait état de la multiplication des atteintes aux droits dans les zones qu’il contrôle, la dernière en date étant l'exécution sommaire d'une dizaine de prisonniers à l’arme automatique. Filmé et mis sur internet, ce triste épisode sanglant n’a, selon certains observateurs, rien à envier aux techniques utilisées par l’Organisation Etat islamique dans son traitement inhumain réservé aux prisonniers.
Du fait de ce rôle que beaucoup estiment néfaste dans le monde arabe, de nombreuses voix s’expriment pour freiner cette fuite en avant d'Abou Dhabi qui, du Yémen à la Libye en passant par son alliance avec Israël ou le blocus du Qatar, ne fait que répandre le désordre dans l'ensemble du Moyen-Orient. En plus d’intellectuels et d’hommes politiques qui s'expriment de plus en plus sur la dangerosité d’un tel régime répressif, c’est donc désormais la société civile qui a décidé d’exprimer haut et fort ses doléances. Signe que la mobilisation est large et coordonnée, le rassemblement à Paris sera dupliqué au même moment devant les ambassades des Emirats arabes unis à Londres et Washington.