Crise du Golfe : Oman monte au créneau contre les Emirats arabes unis et se rapproche du Qatar
Le discret Sultanat d’Oman monte au créneau face aux provocations des Emirats arabes unis suite à l’affichage, en janvier dernier par le musée du Louvre d’Abou Dhabi, d’une carte litigieuse. Celle-ci, accrochée dans la partie du musée réservée aux enfants, avait présenté la région omanaise de Musandam comme appartenant au territoire émirien. Depuis, les Omanais ont pris une série de mesures de rétorsion à l’encontre de leur turbulent voisin.
L’épisode du musée du Louvre qui avait fait grand bruit dans la presse internationale il y a quelques mois n’a pas encore fini de faire parler de lui. Considéré par de nombreux internautes comme sciemment prémédité, ce révisionnisme géographique semble avoir fait sortir de ses gonds un acteur majeur de la médiation dans la région du Golfe.
Le Qatar assigne le gouvernement des Emirats arabes unis devant la Cour internationale de Justice
Le Qatar a annoncé lundi 12 juin avoir saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) contre les Emirats arabes unis en raison « des violations continues des droits humains commises dans le cadre de la politique discriminatoire adoptée par les Emirats arabes unis » à son encontre. Il s’agit là d’un tournant important depuis le blocus qui a débuté il y a plus d'un an.
Dans la nuit du 5 au 6 juin 2017, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont rompu tous leurs liens avec le Qatar en l'accusant notamment de « financer le terrorisme », ce que Doha a toujours démenti fermement. S’en est suivi un blocus aérien, maritime et terrestre ainsi que l’expulsion des citoyens qatariens des pays du Quartet.
Entretien avec Olivier Da Lage sur la nouvelle équation stratégique dans le Golfe
Olivier Da Lage est rédacteur en chef à RFI. Considéré comme l'un des meilleurs connaisseurs de la région du Golfe où il a vécu trois années (Bahreïn), il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la question comme "Qatar, les nouveaux maîtres du jeu", (ouvrage collectif), Demopolis, 2013, "Ces trente ans qui ébranlèrent le golfe Persique, Éditions du Cygne, 2011" et "Géopolitique de l'Arabie saoudite, 2e édition, Complexe, Bruxelles, 2006". Il est également spécialiste de l'Inde et il vient de publier "L'Inde, désir de puissance", Armand Colin, 2017. Il a accepté de répondre aux questions de L'Observatoire du Qatar.
Vous disiez lundi soir lors d’une conférence sur la crise dans le Golfe organisée à l’IRIS que le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien répondait à un « complot ». Pourriez-vous préciser votre pensée ?
Et même un complot qui a réussi, mis en œuvre par la coalition formée par Israël, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis. L’Arabie Saoudite avait très tardivement découvert l’existence de négociations secrètes entre l’Iran et l’administration Obama s’étendant sur de nombreux mois au sultanat d’Oman, sans que Riyadh en ait été averti. Oman paie aujourd’hui encore le ressentiment saoudien d’avoir été tenu à l’écart d’une négociation que l’Arabie désapprouvait de toute façon.
A conference at the City hall of the 2nd district of Paris deals with the involvement of the Emirates on the island of Socotra
On Friday 1 June, the NGO “AIDL” (International Alliance for Defense of Rights and Freedoms) organized a conference with the theme “The Island of Socotra : between strategic importance, violation of international law and regional interests”. The event took place at the City Hall of the 2d Arrondissement of Paris.
Several experts, journalists and lawyers attended to denounce the aggressive policy of the United Arab Emirates.
Un an après l'éclatement de la crise du blocus du Qatar, un colloque à Bruxelles fait le point sur la situation dans le Golfe
Le Qatar retire de la vente les produits provenant des pays du blocus
Le ministère qatari de l’Economie a ordonné, dimanche 27 mai, le retrait sur l'ensemble du territoire de tous les produits provenant des pays du blocus. Les Etats du Quartet avaient soumis l'émirat à un embargo commercial il y a près d’un an.
Cette mesure qui vise les marchandises en provenance d'Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, du Bahreïn et d'Egypte est plutôt symbolique puisqu’après près d'une année de blocus, il ne restait plus beaucoup de ces produits dans les magasins de l'émirat. Malgré l’embargo commercial, les marchandises saoudiennes et émiraties continueraient à arriver au Qatar via les ports du Koweït et d'Oman, deux pays qui se sont transformés en véritable "point relais" entre Doha et ses rivaux.
Que cache la volonté des Emirats arabes unis de faire main basse sur l’île yéménite de Socotra ?
Ces dernières semaines, la presse arabe bruissait d’informations sur l’occupation de l’île yéménite de Socotra par les Emirats. L’avenir de ce territoire pourrait sonner le glas de la coopération entre Riyad et Abou Dhabi dans la guerre meurtrière que les deux monarchies mènent au Yémen.
Depuis quelques semaines, un bras de fer médiatico-géopolitique se trame en marge de la guerre du Yémen. Au delà du martyr dont est quotidiennement victime le peuple de l’un des pays les plus pauvres de la planète, c’est à un îlot situé à 350 kilomètres que l’une des partitions les plus importantes du conflit se joue actuellement.
Alors que Gaza compte ses morts, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite pactisent avec Israël
Le secrétaire d’Etat américain appelle Riyad à mettre un terme au blocus du Qatar
Au cours d'une visite éclair en Arabie Saoudite, le nouveau secrétaire d'Etat américain a clairement signifié la volonté de son administration de mettre fin à la crise du blocus.
Alors qu’il a effectué une visite de quelques heures à Riyad dans le cadre d’une tournée express dans la région devant également le conduire en Israël et en Jordanie, Mike Pompeo a fait savoir à son homologue saoudien Adel al-Jubeir que l’heure était venue de mettre un terme à la crise avec le Qatar.
Trois ans après la guerre au Yémen, l’impasse pour l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis
Cela fait désormais trois ans jour pour jour que la guerre au Yémen a débuté. Malgré les déclarations grandiloquentes des responsables de la coalition arabe, le conflit s’est transformé en véritable Vietnam moderne pour Riyad et ses alliés.
Dans l’esprit de ses initiateurs, la guerre au Yémen débutée fin mars 2015 ne devait durer que quelques semaines. Confiant dans sa force de frappe et souhaitant démontrer à la face du monde sa capacité à asseoir son leadership sur la péninsule arabique qu’elle considère comme son pré-carré inviolable, l’Arabie Saoudite fanfaronnait à l’heure où de substantiels changements s’opéraient au plus haut niveau de sa hiérarchie dynastique.