Une stratégie payante
Cette fois-ci, l'équipe du PSG a sorti un football des grands soirs et a littéralement étrillé sa rivale. Emmené par un Angel Di Maria virevoltant, l'effectif parisien a tout réussi. Le match était plié dès la première mi-temps puisque le PSG, ultra dominateur sur tous les compartiments du jeu, menait déjà deux buts à zéro à la pause. Le reste du match a été un pur régal et jamais les coéquipiers de Neymar ou de Suarez n'ont pu sérieusement inquiéter la défense adverse. Autre motif de réjouissance pour les dirigeants qataris en particulier pour le président Nasser al-Khelaifi : malgré l'absence de joueurs clés comme le défenseur Tiago Silva ou le milieu Tiago Motta, les recrues issues du centre de formation comme le jeune Presnel Kimpenbe ont démontré tout leur talent en maîtrisant leur match de bout à bout.
La satisfaction est donc totale du côté parisien. La perspective d'une qualification en quart de finale de Ligue des Champions est donc largement ouverte puisqu'il faudra un exploit du même ordre, mais en sens inverse, pour que le Barça espère passer au tour suivant. Mais surtout, cette victoire envoie un signal fort à l'ensemble du football européen et place l'équipe entraînée par Unay Emeri parmi les prétendants les plus sérieux à la victoire finale.
La "diplomatie sportive" et l'axe de projection sur la carte mondiale du sport
C'est d'ailleurs ce point qui focalise les autorités du Qatar, en premier lieu l'émir cheikh Tamim ben Hamad al-Thani dont on dit qu'il est passionné de sport en général et de football en particulier (il est âgé de 36 ans). Depuis cinq ans, elles rêvent que le club parisien emporte le trophée le plus convoité du football mondial afin de créditer le pays d'une authentique légitimité footballistique. Il faut dire que l'enjeu est de taille car le PSG constitue la vitrine mondiale d'une stratégie de développement en partie axée sur le sport. Le Qatar souhaite en effet se placer sur la carte du monde et devenir un carrefour du sport mondial. Outre les retombées sur le plan médiatique et symbolique (deux vecteurs essentiels de la réputation d'une nation à l'heure de la mondialisation à l'heure du "Soft power"), le sport est aussi perçu comme un moteur de croissance. En effet, afin de sortir de la mono-dépendance aux hydrocarbures (pétrole et gaz), le Qatar a fait de l'industrie du sport l'un des leviers majeurs de la croissance de demain. C'est pour cette raison qu'un plan général en cinq axes a été pensé depuis la fin des années 1990 et qui doit, de l'organisation des grandes compétitions à la mise en place d'un réseau mondial de télédiffusion autour du groupe beIN SPORTS, faire du pays un acteur mondial de la géopolitique du sport et du divertissement. Depuis près de vingt ans, des milliards de dollars ont été injectés à cet effet.
Cependant, il ne faudrait pas que le PSG "s'enflamme" trop vite. Outre le match retour, il restera ensuite à passer la case des quarts de finale et réussir un autre exploit qui est celui de passer le dernier carré pour espérer ensuite remporter la finale. La route est encore longue avant de soulever la "Coupe aux grandes oreilles" et il se pourrait que le club parisien affronte une grosse écurie lors du prochain tour (le Bayern Munich ou le Real Madrid), ce qui pourrait doucher ses ambitions. Mais ce qui est aujourd'hui certain, c'est que les choix parfois controversés de ces derniers mois opérés par la direction (un mercato poussif avec l'absence de recrue d'une star internationale qui aurait pu remplacer Zlatan Ibrahimovic) semble appartenir au passé. Et que la stratégie d'acquisition d'un club européen pour incarner la vision sportive de l'émir et positiver l'image du pays semble aujourd'hui apporter ses premiers fruits. Pour le plus grand bonheur du football français.