Un retour en force
Qatar Airways était déjà par le passé positionnée à Nice via Milan mais la ligne a dû être interrompue en mai 2013. Son retour avec une fréquence soutenue dans le troisième aéroport français en terme de fréquence (après celui de Roissy et Orly mais devant Lyon et Marseille) signe la volonté des dirigeants de la compagnie de faire de la capitale azuréenne un point d’ancrage pour capter le flux entre l’Asie et le littoral français particulièrement courtisé par une clientèle internationale haut de gamme. Du fait de son potentiel de croissance, notamment en matière touristique, Nice dispose en effet de nombreux atouts à faire valoir, ce que confirme l’augmentation régulier de son trafic depuis le début des années 2000.
Après Nice, Akbar al-Baker a également annoncé l’ouverture toujours pour l’année 2017 d’une nouvelle ligne Doha-Lyon. Même si aucune date précise n’a été avancée, on imagine qu’elle sera lancée plutôt en fin de deuxième semestre, en tout cas après la route de Nice. D’après certaines sources, la décision d’ouvrir cette nouvelle voie est l’une des contreparties françaises à l’achat, en mai 2015, de 24 avions Rafales par Doha pour un montant de plusieurs milliards de dollars.
Guerre dans le ciel européen
Ces nouveaux droits de trafic décernés à Qatar Airways risquent de renforcer certaines méfiances d’autres opérateurs, notamment de Air France qui dénonce depuis longtemps « la concurrence déloyale » de ces nouveaux tigres aériens en provenance du Golfe. Souhaitant maintenir sa chasse gardée sur le terrain hexagonal, Air France ne cache pas en effet son hostilité envers ces nouvelles venues dont le taux de croissance lors de la dernière décennie est impressionnant. Avec Lufthansa, la compagnie française est celle qui est montée le plus au créneau pour dénoncer les subventions directes dont bénéficie Qatar Airways (détenue par l’Etat du Qatar) et qui lui donne des moyens financiers considérables. Pour se défendre, Akbar al-Baker a réfuté dans un entretien à la Tribune cette lancinante accusation tout en ajoutant que « oui, le gouvernement du Qatar nous détient et, à ce titre, a le droit de capitaliser la compagnie de la même manière que ce qu’ont fait tout au long des sept dernières décennies les gouvernements français et allemand, en mettant du cash dans leur compagnie jusqu’à leur privatisation ». Développant l’horizon de sa compagnie, il a précisé que « nous serons nous aussi privatisés quand nous serons en position de force. »
Un positionnement sur l’immobilier français
Au cours de son passage en France, le patron de QA a aussi annoncé son ambition d'ouvrir deux hôtels en France dans les années à venir. « Nous nous intéressons à des investissements dans l'hôtellerie en France », a-t-il ainsi déclaré à l'AFP tout en indiquant être « très confiant dans l'économie française ». Pour le moment, il s’agit d’acheter un établissement à Paris et de construire un second à Toulouse. Pour le bien de la capitale, étant donné la prédilection qatarienne pour les édifices de prestige, on imagine un investissement conséquent (de plus de 100 millions d’euros). S’agissant de la ville rose, l’idée serait de construire un établissement cinq étoiles. QA serait, d’après certaines sources, d’ores et déjà en discussion avec la municipalité pour l’achat du terrain. Ces acquisitions devraient être menées par la nouvelle branche de la compagnie dédiée au management hôtelier, « Dhiafatina ». Lancée en 2015, cette structure prend en charge les établissements de haut standing situés dans des destinations stratégiques. Son portefeuille compte le Oryx Rotana Doha (400 chambres), le Sheraton Skyline London (350 chambres), le Novotel Edinburgh (180 chambres) et The Airport Hotel Doha (100 chambres).
Cette volonté de Qatar Airways de renforcer sa présence en France est à inscrire dans le cadre plus large de la relation entre les deux pays. Considéré comme un pays central dans sa projection de puissance à travers le monde, l’Hexagone présente une série d’atouts qui ont pour effet de capter tant les capitaux que les personnes en provenance de Doha. Cinquième puissance économique au monde, premier pays touristique de la planète, membre permanent du Conseil de sécurité et puissance nucléaire, la France reste également un élément clé de l’Union européenne. Du fait de cette configuration, le pays a toujours disposé d’une certaine force d’attraction aux yeux des décideurs politiques et économiques de l’émirat. Suite à son accession au trône en juin 2013, l’émir du Qatar avait ainsi fait de l’Hexagone le premier pays étranger à visiter en dehors de ceux du Conseil de coopération du Golfe.