Accord in extremis de l'OPEP sur une réduction de l'offre de pétrole

jeudi, 01 décembre 2016 10:29

OPEPLes quatorze membres de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) se sont entendus lors de leur réunion tenue à Vienne mercredi 30 novembre sur une réduction de l'offre de pétrole. Si l'Arabie Saoudite a consenti au plus gros effort avec une baisse de sa production de 500 000 barils par jour, il n'est pas sûr que l'accord permette une réorientation durable du prix de l'or noir à la hausse.

 

C'était la réunion de la dernière chance et au regard de la réaction des marchés, les pays membres peuvent souffler et s'estimer soulagés. Dès l'annonce de l'accord, le prix du pétrole s'envolait en s'appréciant de près de 10% à Londres pour le baril de brent de la mer du Nord tandis qu'à New York, le Light Sweet Crude (WTI) - la référence américaine du brut - gagnait près de 4 dollars et se rapprochait de la barre des 50 dollars.

La partie n'était pourtant pas gagnée tant les antagonismes sont forts entre les poids lourds du cartel. Le clivage persistant au sein de l'OPEP demeure celui qui oppose le géant saoudien à l'Iran dont le retour sur la scène internationale s'illustre par la volonté de rattraper le temps perdu en augmentant substantiellement ses capacités de production. Avec l'Irak qui, lui aussi, se réveille et déverse sur le marché des millions de barils de pétrole grâce à l'amélioration de ses infrastructures, Téhéran a partiellement récupéré son retard en terme de parts de marché. Cependant, ce bond en avant, certes apparemment bénéfique pour les premiers concernés, s'est traduit par un déséquilibre entre l'offre et la demande qui a provoqué une dégringolade du prix de l'or noir. Celui-ci qui avait chuté à 30 dollars au plus fort de la crise en 2015 s'est stabilisé autour de 45 dollars ces derniers mois.

L'objectif de la réunion de l'OPEP était donc de trouver un terrain d'entente pour éviter de prolonger cette période de vaches maigres qui met sous pression les finances de nombreux gouvernements. L'Arabie Saoudite semble avoir consentie la plus grande part du sacrifice puisque sur les 1,5 millions de barils que le cartel a décidé de retirer du marché, Riyad a la responsabilité de s'occuper du tiers. Le reste de l'effort est réparti entre les autres Etats membres, hormis la Libye et le Nigeria qui, du fait de leur tragique situation sécuritaire, ont été exonérés de réduire leur production.

Seulement, même si les marchés ont fortement réagi dans le bon sens, rien n'indique que le prix du pétrole continuera sa progression. Si dans les prochaines semaines, les opérateurs remarquent (comme cela a été le cas de manière récurrente par le passé), que certains pays contournent discrètement l'accord, le prix pourra une nouvelle fois fléchir et la perspective d'un cycle d'un tarif du pétrole de plus en bas ne sera pas à écarter. De plus, l'OPEP qui ne représente que le tiers de la production mondiale doit composer avec les autres acteurs de la carte de l'énergie.

Les yeux se tournent aujourd'hui vers la Russie pour savoir si oui ou non Moscou jouera également le jeu d'une inflexion de sa production. Ces derniers jours, le Kremlin semblait donner des gages de bonne volonté car la Russie pâtit elle aussi du manque à gagner d'un pétrole faible. Mais rien n'indique que cette entente tacite entre les gros acteurs du marché tienne dans la durée tellement les méfiances et surtout les antagonismes politiques (en particulier sur la Syrie) plaident pour faire de l'univers du pétrole un nouveau terrain d'affrontement.

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