Entretien avec François Burgat, directeur de recherches au CNRS
1/ Les frappes de la coalition conduites par les Etats-Unis ont-elles une chance d’éradiquer la présence de l'organisation jihadiste “EI” en Irak et en Syrie ?
Personne n’y croit vraiment. La portée de frappes aériennes sur un “ennemi” implanté notamment dans une ville de plus de deux millions d’habitants est déjà en train de montrer ses limites. Les cibles feraient même, semble-t-il, défaut aux Rafales français. La lutte va se jouer ailleurs. L’entrée en guerre de la Turquie apporte une dimension nouvelle relativement importante. Car, hormis les Turcs, seuls des combattants kurdes irakiens (peu désireux semble-t-il de faire plus que d’assurer la défense de leur territoire et certainement pas de conquérir le “sunnistan” arabe irakien) ou alors des chiites, irakiens ou même iraniens, sont susceptibles de contrer militairement l’EI sur le terrain.