Une loi saluée par l'Organisation internationale du Travail
Cette réforme législative a été décrite comme un « grand pas vers la suppression complète du visa de sortie » par l'Organisation internationale du Travail (OIT). « Les travailleurs sont maintenant libres de partir à tout moment tout en respectant les accords contractuels, cet amendement est une étape importante dans le cadre des réformes menées par le Qatar », a indiqué à al-Jazeera, Houtan Homayounpour, chef du bureau de l’OIT à Doha.
Depuis de nombreux mois, cette organisation soucieuse de défendre les droits des ouvriers à travers le monde avait mis l'émirat en demeure de réformer son appareil législatif dans le sens d'un assouplissement de sa rigidité. Devant les efforts entrepris par Doha, elle a récemment décidé d'abandonner une plainte pour « travail forcé » et a ouvert l'an dernier un bureau dans la capitale pour accompagner le gouvernement dans son train de reformes. Pour de nombreux observateurs, ce changement notable constitue une étape décisive dans l'amélioration de la condition ouvrière en vue de la prochaine Coupe du monde en 2022.
Une réforme incomplète pour Amnesty international
Sharan Burrow, Secrétaire générale de la Confédération Syndicale Internationale, a déclaré que ces changements « enlèveraient le cœur du système de la kafala », cette forme de parrainage d'un autre âge qui soumet les travailleurs à leur employeur. Ce dispositif décrié de toutes parts mais commun aux monarchies du Golfe exige que tous les travailleurs immigrés obtiennent le consentement de leur employeur pour voyager à l'étranger ou changer d'emploi, une mesure qui laisse les travailleurs vulnérables à l'exploitation et au travail forcé.
En vertu de la nouvelle loi, les employeurs n’auront plus le pouvoir de refuser des permis de sortie à la plupart de leurs travailleurs, bien qu’ils conservent ce droit pour 5% de leur effectif (selon la nature de l’emploi).
Cependant, certains acteurs mettent en garde contre les laissés pour compte de cette avancée. Ainsi, Amnesty international a publié un communiqué qui précise que près de 174 000 travailleurs domestiques ne sont pas concernés par le nouveau texte. Selon des recherches menées par l’organisation de défense des droits humains, les travailleurs domestiques sont particulièrement vulnérables et doivent faire face à de longues heures de travail, à de sévères restrictions quant à la liberté de mouvement et même à des abus physiques et sexuels.
Les autorités se défendent en indiquant que bien que les travailleurs de maison ne soient pas immédiatement concernés par la nouvelle législation, celle-ci envisage des règlements additionnels à cette catégorie de personnes qui entreront en vigueur prochainement.