Solution pragmatique pour les travailleurs exploités
L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, a donc promulgué la Loi n° 17 de 2018 sur la création du « Fonds de soutien et d'assurance des travailleurs ».Très attendu, ce nouveau dispositif est destiné à assurer aux travailleurs étrangers « soutien et attention, une protection de leurs droits et un environnement de travail sain et sûr ». Selon le ministère qatari de la Planification, du Développement et des Statistiques, le pays compte plus de 1,9 million de travailleurs étrangers, soit environ 89% de la population totale.
Les plus vulnérables sont ceux engagés dans le secteur du bâtiment, avec un effectif de l’ordre de 800 000 ouvriers dont plus de 26 000 pour la construction ou la rénovation des huit stades prévus pour accueillir la Coupe du monde 2022. La majorité de ces ouvriers est originaire du sous-continent indien.
Ce fonds représente un pas significatif dans l’amélioration de vie de ces travailleurs qui sont parfois escroqués par des entreprises (européennes et asiatiques le plus souvent) aux pratiques abusives.
Une succession d’avancées ponctuée d’obstacles
Souvent pointé du doigt pour le sort infligé à sa condition ouvrière, le Qatar a récemment été mis sur la sellette.
En septembre dernier, une enquête d’Amnesty International a révélé qu’une entreprise d'ingénierie participant à la construction des stades du Mondial 2022 a laissé des travailleurs se démener dans des conditions de vie difficiles alors que ces derniers ont tout tenté pour obtenir, en vain, le versement de leurs salaires impayés.
Dans le viseur de l’ONG, l’entreprise Mercury MENA a par exemple fait appel aux services d’une agence de recrutement qui facture à des ouvriers népalais des frais exorbitants pour leur trouver un emploi, ce qui est illégal. Cette pratique malheureusement courante force ainsi nombre de travailleurs vulnérables à contracter des prêts avec des taux d'intérêt élevés, ce qui engendre un niveau d’endettement insupportable pour les victimes.
Toujours d’après l’enquête d’Amnesty, les autorités népalaises n'ont fourni aucune assistance à leurs ressortissants au Qatar. Selon l’organisation, le gouvernement du Népal n'a toujours pas mis l’entreprise sur liste noire, ce qui signifie que rien ne l’empêche de continuer à recruter.
C’est précisément pour en finir avec de tels abus que les autorités ont durci les dispositifs législatifs envers les acteurs véreux du secteur. Malgré la bonne volonté du gouvernement accompagné dans son cap par les services du l’Organisation internationale du travail (OIT), il faudra embaucher encore de nombreux inspecteurs du travail pour assainir un milieu trop souvent habitués à des pratiques d’un autre âge.