Une flottille exclusivement composée de femmes en route vers Gaza !

mercredi, 21 septembre 2016 11:05

bateau gazaUne flottille exclusivement féminine va une nouvelle fois tenter de briser le blocus israélien sur la bande de Gaza. Les deux voiliers baptisés "Amal" (espoir) et "Zaytouna" (Olive), ont à leur bord une trentaine de militantes provenant d'une quinzaine de pays. Parti de Barcelone, "Zaytouna" a rejoint Ajaccio lundi 19 septembre et est actuellement en route vers sa prochaine étape, Messine en Italie. Ceci, alors que le voilier "Amal" est bloqué à Barcelone pour des raisons techniques.

Du Canada à la Malaisie en passant par la France, la Tunisie ou le Qatar, elles n'ont qu'un seul but : briser le blocus qui étrangle la population de la bande de Gaza depuis des années. Originaires de quinze pays y compris d’Israël, les participantes à la flottille font partie de l'opération de solidarité nommée "Bateaux des femmes pour Gaza". L’initiative s'inscrit dans le projet "Flottilles de la liberté" qui tentera de joindre Gaza d'ici fin septembre. Depuis 2008, des bateaux du monde entier tentent de briser le blocus terrestre, aérien et maritime instauré par Israël depuis juin 2007. 

Un panel de femmes aux horizons très divers y ont pris part : avocates, parlementaires, médecins ou encore journalistes ont en commun leur engagement en faveur des Palestiniens, et plus particulièrement des Palestiniennes. Venue directement de la Mecque, la célèbre journaliste d’Al Jazeera, Khadija Ben Guenna, suivie par plus de huit millions de fans sur Facebook, contribuera à donner une visibilité médiatique à une action très peu relayée par la presse occidentale. À bord du Zaytouna, elle a fait une déclaration sur Al Jazeera expliquant sa démarche. La chaine qatarie, quant à elle, assurera une couverture continue du voyage comme elle a pu le faire lors des précédentes éditions. 

"Nous pensons qu'à travers cette action organisée par des femmes, nous pouvons donner davantage de visibilité au rôle si important de la femme en Palestine dans la lutte pour la liberté. (…) Les femmes de Palestine ont toujours été très actives (...) comme les hommes étaient "opprimés" elles ont pris en charge les familles. (…) Ce sont elles qui ont maintenu l'espoir en vie", a raconté l’une des organisatrices à l’AFP, Zohar Chamberlain qui est de nationalité israélienne.

De son côté Claude Léostic, présidente de la plateforme des ONG françaises pour la Palestine a déclaré à la radio RFI"Nous avons monté cette flottille pour voir quelle sera l'attitude d'Israël face à un équipage entièrement féminin, ne présentant donc clairement aucun danger". "Contrairement aux précédentes initiatives, cette campagne n’a été que très peu couverte par les médias français. « Le projet a été très peu médiatisé en France", a encore confié Claude Léostic, "c’est l’air du temps. Les autorités sont des soutiens affirmés à la politique israélienne, donc elles ne veulent pas en entendre parler (…) C’est très préoccupant. On est dans un tropisme israélien affirmé au niveau de nos autorités. Ça pose problème à la fois dans l’exigence de justice pour les Palestiniens mais aussi en tant que citoyens français. Cela nous interpelle."

Ce projet est par ailleurs activement soutenu par Christiane Hessel, veuve de Stéphane Hessel. Auteur du manifeste à succès "Indignez-vous!", grand humaniste et ancien résistant, il était également un fervent défenseur de la cause palestinienne. 

L’autre navire "Amal" a dû rester à Barcelone pour des problèmes techniquesLes organisateurs cherchent actuellement un autre bateau pour le remplacer et ont lancé une campagne de financement participatif à cet effet. Le choix de départ de la flottille de Barcelone est symbolique à double titre ; non seulement, du fait d’un jumelage avec Gaza depuis 1998 mais également parce qu’un parc, nommé "Parc de la Paix de Barcelone" a été inauguré en 2005 à Gaza. Détruit par l’armée israélienne durant l’opération Plomb durci en 2009, il a finalement été reconstruit en 2010.

Quant aux réactions des autorités israéliennes, bien qu’elles soient restées silencieuses, elles se préparent une fois de plus à empêcher la flottille de briser le blocus. C’est en tous cas ce que révèle le quotidien Jerusalem Post. "Pour l’instant, nous ne réagissons pas à ce sujet. Nous ne faisons aucun commentaire aux médias. Ça nous paraît un peu prématuré", a fait savoir Emmanuel Nahshon, porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien. Pour rappel, en mai 2010, le bateau Mavi Marmara a été arraisonné dans les eaux internationales par des commandos israéliens. Dix militants turcs qui se trouvaient à bord ont été tués et des dizaines ont été blessés. Cette acte de piraterie en haute mer avait provoqué un tollé international et sous la pression du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre israélien avait dû présenter des excuses.

D’après un rapport de la Banque mondiale et de l'Onu, le blocus maritime, aérien et terrestre a considérablement affaiblie l'économie de l'étroite bande de terre. Privant de mouvement la grande majorité des deux millions de Gazaouis, il a réduit la bande de Gaza a une véritable prison à ciel ouvert.

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