Le Qatar réagit au dernier rapport d’Amnesty International‏

vendredi, 22 avril 2016 11:33

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Le Comité Suprême pour les Projets et l’Héritage du Qatar a réagi au dernier rapport d’Amnesty International qui dénonce les conditions de vie des travailleurs étrangers. Décryptage. 

 

Amnesty International a publié, le 31 mars dernier, une liste d’abus parmi lesquels figurent la confiscation des passeports, le versement de sommes importantes à des intermédiaires en vue de décrocher un contrat de travail, la tromperie quant à la rémunération ou le refus du droit au retour au pays. L'enquête conclut qu'une forme de travail forcé a cours dans l'émirat notamment dans le Khalifa Stadium, l'un des centres sportifs destinés à accueillir plusieurs matchs du Mondial.

Déplacement à Londres

Le Comité Suprême pour les Projets et l’Héritage, en charge de l’organisation de la Coupe du monde 2022, a vigoureusement réagi à la publication de ce rapport. « Nous avions nous-mêmes détecté ces atteintes et avions fait le nécessaire pour rectifier la situation. Cette rectification aurait peut-être pu prendre moins de temps si Amnesty International avait communiqué plus tôt avec nous » a indiqué le Comité. Il ajoute que « jusqu’à présent, aucun décès n’est à décrier dans l’un des sites (…) car nous accordons une importance primordiale à la sécurité et la santé des travailleurs. Le rapport d’Amnesty International ne mentionne d’ailleurs aucune atteinte quant à la sécurité des travailleurs. Cela prouve sans conteste la fausseté des allégations journalistiques évoquant la mort de milliers de travailleurs dans les projets du Mondial Qatar 2022. »

En outre, dans sa seconde édition des « Normes de bien-être des travailleurs » publiées le 1er mars 2016, le Comité a clairement décrit ses exigences en matière de recrutement, d'emploi, de conditions de travail et de conditions de vie pour toutes les personnes impliquées dans les projets de la Coupe du monde. De plus et contrairement à d’autres pays du Golfe, les autorités de l'émirat ont laissé entrer de nombreuses ONG afin de mener des enquêtes dans le but de donner l'image d'une transparence la plus évidente possible. De hauts responsables qatariens se sont également rendus à Londres pour présenter le dispositif adopté par le gouvernement ainsi que les progrès effectués en matière d’amélioration de la condition ouvrière. Plusieurs organisations dont Amnesty International, l'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (BWI), Humanity United et l'Organisation internationale du travail (OIT) ont ainsi pu discuter avec les membres de la délégation. L'objectif de ce voyage était aussi de recueillir les avis et les conseils de ces structures dans un souci de renforcement de l'édifice législatif mis en place pour protéger l'ensemble des acteurs impliqués dans la construction des infrastructures.

Qatar-bashing pas si anodin 

Le choix du Qatar pour l’organisation du Mondial 2022 a été émaillé de plusieurs controverses : conditions de travail des ouvriers chargés de la construction des infrastructures, changement de calendrier, accusations de corruption, etc. Jamais une Coupe du monde n’a autant suscité de polémiques. Depuis quelques années, pas un jour ne passe sans que ne sorte un dossier de presse, une émission ou un reportage sur le Qatar et ses zones d’ombre.

Mais le faisceau des accusations qui l’accablent abrite des postures très diverses. Si les critiques des ONG de défense des droits humains sont légitimes, une autre partie des griefs relève clairement du règlement de comptes idéologiquement orienté. Plusieurs observateurs ont ainsi indiqué que les campagnes de Qatar-bashing de certains journaux britanniques, tel que le Telegraph, ont eu pour objectif d’alimenter l'idée fausse d'un financement par Doha du terrorisme international. En effet, l’Angleterre, finaliste malheureuse pour l’organisation du Mondial continue à plaider officiellement pour une remise en cause du vote. La charge de certains médias de ce pays, notamment sur les ouvriers ou le terrorisme, ne serait donc pas complètement innocente. Il en est de même en France avec la focalisation de certains partis politiques (en particulier du Front national) qui ont fait du Qatar leur bête noire et dont les accusations relèvent davantage du contentieux politique que d'une défense désintéressée de la condition des ouvriers asiatiques.

Aveux de Sharan Burrow

Enfin, l'un des exemples les plus frappants de l'utilisation de ces polémiques est le cas de Sharan Burrow. La secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale ITUC-CSI, très en pointe ces dernières années dans la dénonciation du Qatar pour ses manquements au respect des droits des travailleurs, a nié ce qui lui a été auparavant attribué comme déclarations au sujet de la mort d’environ 4000 travailleurs dans les projets liés au Mondial 2022. A l’occasion du premier Forum sur les entreprises et les droits de l’homme en Asie récemment organisé à Doha, elle a déclaré devant la presse que « non, ne j’ai jamais dit cela »Elle a expliqué que  « tout ce que j’avais dit était à propos du système de la Kafala qui mène vers de mauvaises conditions de vie pour les travailleurs étrangers et qui a un impact négatif sur leur santé », en ajoutant que « le gouvernement devait exiger des entreprises qu’elles jouent leur rôle dans la société »Atténuant la charge de ses précédentes sorties, elle a conclut qu' « il est clair que le Qatar réalise des progrès positifs en communiquant avec les ONG et les organismes internationaux ».

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