Arabie saoudite, Koweït et Qatar, voilà les trois étapes de la tournée de deux jours, entreprise par le président turc dans le Golfe, pour tenter d’y apaiser les tensions. Ces dernières ont commencé le 5 juin avec la rupture des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite, ses alliés et le Qatar, suivi d’un embargo contre ce dernier. Après une rencontre avec le roi Salman, Erdogan se rendra au Koweït dimanche 23 juillet. Puis lundi 24 juillet, il sera au Qatar pour y retrouver le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. La Turquie, qui a pris fait et cause pour ce dernier, tentera néanmoins pendant ces deux jours de s’imposer en médiateur du conflit.
La Turquie alliée du Qatar
Depuis le début du conflit, la Turquie affirme un fort soutien au Qatar, qui représente pour elle un allié stratégique dans la région. Après avoir décrié l’embargo comme contraire au droit international, le gouvernement turc a lancé plusieurs initiatives pour aider Doha (largages de nourritures par avion, aides à la compagnie Qatar Airways).
Le petit émirat est un allié stratégique pour Ankara. Depuis les années 1970, les deux pays entretiennent une large coopération commerciale et surtout militaire. La Turquie possède notamment une base permanente au Qatar, lui assurant une présence militaire dans la région. Par ailleurs, depuis les années 2000, les deux pays se sont retrouvés sur de nombreux dossiers, notamment sur un soutien commun aux printemps arabes dès 2011, à l’opposé de leurs voisins. Comme l’explique Nabil Ennasri, directeur de l’Observatoire du Qatar, dans une interview à La Croix, « l’axe entre les deux pays est l’un des plus solides au Moyen-Orient et le meilleur moyen pour eux, de contourner leur isolement régional ».
Le soutien de la Turquie a en partie permis à Doha de tenir dans cette crise, en minimisant les effets de l’embargo. Ce dernier n’entend pas céder aux exigences de ses voisins. Il a d’abord refusé les « 13 demandes » posées par l’Arabie saoudite dont la fermeture de la télévision Al-Jazira et l’arrêt du soutien au « terrorisme ». À la suite de l’intervention de plusieurs diplomates, les 13 demandes sont devenues « 6 principes » à respecter, mais également rejetés par Doha. L’émir qatarien Tamim ben Hamad Al-Thani, a néanmoins appelé au « dialogue » vendredi 21 juillet, dans un discours télévisé.
Changement de position
La médiation du président turc vise à la fois à préserver son alliance avec le Qatar, et aussi ses relations avec l’Arabie saoudite que la Turquie a tenté de développer depuis quelques années. Ankara pourrait prendre le relais du Koweït qui, de sa position de médiateur au début du conflit s’est rangé aux côtés de Riyad. Jeudi 20 juillet, le Koweït a annoncé l’expulsion de diplomates iraniens, semblant ainsi briser sa position de neutralité dans la crise. Les liens entre le Qatar et l’Iran, ennemi numéro un de l’Arabie saoudite, sont parmi les points de tension à l’origine de la rupture diplomatique entre Doha et ses voisins du Golfe.