Foot : qui commande vraiment au PSG

mercredi, 13 mars 2013 01:00

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J'apporte des précisions sur la nature du pouvoir qatari envers le PSG dans cet article paru le 11 mars 2013 sur le site de France télévision :

La semaine dernière, la presse sportive bruissait de rumeurs sur un départ de Leonardo, le directeur sportif du Paris Saint-Germain. Des sources proches du prince Tamim avaient éprouvé le besoin de se confier, anonymement, à RMC. L'information a été balayée par Nasser Al-Khelaïfi, le président du club, dans une interview au Parisien samedi 9 mars. De quoi se demander qui est vraiment le patron au PSG. 

 Sur le papier, le prince héritier Tamim ben Hamad Al-Thani

Le prince héritier du Qatar est l'homme en charge des sports dans l'émirat. Vraiment tous les sports : il a piloté le dossier de candidature du Qatar pour la Coupe du monde de foot en 2022, dispose de son rond de serviette au Comité international olympique et a racheté le PSG avec l'organisme qui pilote les investissements de l'émirat à l'étranger, le Qatar Sports Investments. Sur son CV figurent aussi beaucoup de titres, de vice-commandant en chef des forces armées à président du Conseil supérieur pour l'environnement. Bref, comme le résume un proche de l'émir au Financial Times (en anglais), "il gère 80% des dossiers".


Tamim ben Hamad Al-Thani, un colosse à la moustache proéminente, aime la France : il y a effectué son tout premier déplacement officiel en 2004, a reçu la Légion d'honneur à 31 ans, et aime se balader en pull jacquard incognito sur les Champs-Elysées, entouré de cinq gardes du corps. "Il est comme le prince Albert, il adore le football, raconte l'ancien joueur Ali Benarbia au Parisien. Il n'ira pas au Parc des Princes aussi souvent que Sébastien Bazin [l'ancien président], mais il viendra, car il est assez souvent à Paris. Mais vous ne pourrez pas discuter avec lui. Cette personne, on ne l'approche pas." Comme dans "Les Guignols de l'info", en somme, "la prince, il parle pas à toi".

Sur le terrain, Nasser Al-Khelaïfi, l'homme de confiance

Le président du PSG, qui porte avec la même aisance le jean que l'habit traditionnel qatari, a rencontré le prince Tamim en jouant au tennis. Le courant est rapidement passé entre eux : Tamim aime s'entourer de polyglottes éduqués à l'étranger, comme Nasser Al-Khelaïfi. Depuis deux ans, ce passionné de fauconnerie incarne le PSG. Réputé dur en affaires, surnommé "Robocop", il s'est fait une place dans le giron des grands dirigeants de Ligue 1. "Il est le gestionnaire du PSG, le véritable patron c'est le prince Tamim, nuance Nabil Ennasri, auteur du livre L'Enigme du Qatar, contacté par francetv info. Mais les deux hommes sont en contact permanent, et Nasser se rend régulièrement au Qatar." Pour faire valider les décisions importantes, l'organisation à la qatarie étant très pyramidale.

Nasser Al-Khelaïfi verrouille sa communication à double tour. Quand Rafael Nadal est contacté par le JDD pour faire le portrait du président du PSG, le tennisman répond : "Vous avez l'autorisation de Nasser ?" Ce dernier est régulièrement obligé de parler à la presse pour couper court aux rumeurs. Comme celle sur Leonardo. "J’entends dire : 'Depuis Doha...', 'Les sources à Doha disent qu’on a un problème avec Leo', etc., se défend-il dans Le Parisien. J’aimerais bien vous aider mais ce n’est pas vrai. La voix officielle du Qatar, c’est moi. Il faut bien que tout le monde le comprenne. Leo fait du très bon travail." 

Entre les deux, "les rumeurs de Doha"

Ce n'est pas la première fois qu'un bruit de fond fait entendre une musique discordante au PSG. Ce n'est pas non plus la première fois que le prince Tamim est soupçonné d'agir dans le dos de ceux à qui il a confié le pouvoir au PSG. Dans le livre Le PSG, le Qatar et l'argent, de Gilles Verdez et Arnaud Hermant, on apprend qu'une cellule de recrutement basée au Qatar a cherché à faire venir des joueurs au PSG avant que Leonardo soit engagé, en juillet 2011. Mais la nomination du directeur sportif n'a pas stoppé ses activités : elle aurait aussi contacté le prodige belge Eden Hazard, à Lille à l'époque, ou le milieu montpelliérain Younès Belhanda, dont Leonardo ne voulait pas. "De quoi relancer l'idée que Leonardo n'est pas seul à recruter, mais que les cartes sont brouillées depuis Doha", avancent les auteurs.

"Le Qatar est devenu une machine à fantasmes et à rumeurs non vérifiées, remarque Nabil Ennasri. D'autres bruits circulent au sujet de son aide en faveur de jihadistes au Mali, par exemple. On est en pleine guerre d'image. La rumeur sur Leonardo n'est sûrement pas la dernière sur le PSG. Mais cette communication 'grise' ne les dessert pas totalement. Dans cette politique du soft-power, leur obsession de la reconnaissance est aussi flattée par le fait qu'ils sont toujours au cœur de l'actualité. Quel pays étranger peut se vanter d'une telle couverture médiatique en France ?"

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