Trois tables rondes ont rythmé le colloque. Au cours de la première, l'aspect historique de la crise a été mis en évidence, notamment par une intervention de l'ancien ambassadeur Pierre Lafrance. Ayant servi au cours de sa carrière de diplomate dans divers pays arabes, ce dernier a pu livrer son expérience et donner une dimension historique nécessaire pour une bonne compréhension des divergences régionales.
Au cours de la seconde table ronde, Mohamed al-Musfir dont la particularité était qu'il venait directement de Doha a pu apporter un éclairage d'une personne qui a directement vécu l'embargo. Professeur en sciences politiques à l'université du Qatar, homme des médias et écrivain, il a rappelé que c'est la révolution sociétale entreprise sous le règne de Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani qui a permis au Qatar de tracer une nouvelle ligne politique. Cette dernière, qui se voulait indépendante et qui conjuguait islam et modernité n'a pas été acceptée par les voisins du Qatar qui ont souhaité maintenir l'émirat dans une situation d'acteur régional à la souveraineté limitée. Prolongeant la réflexion de M. Al-Musfir, la consultante Agnès Levallois a rappelé que les pays du blocus ne souhaitaient pas un apaisement de la situation. Elle a également rappelé que la position de modération de la France sur le conflit s'expliquait par les importants intérêts économiques que Paris partageait avec les différents protagonistes de la région.
Enfin, le dernier débat portait en partie sur l'aspect juridique de l'embargo. Nasser al-Hinzab, conseiller juridique à la Délégation permanente du Qatar à l'Unesco a centré son intervention sur les conditions qu'un État doit remplir pour imposer un blocus à son voisin. Mentionnant les différents critères et conditions relevant des conventions internationales en la matière, il a rappelé que les États maintenant le blocus du Qatar n'ont pas respecté le cadre juridique mis en place par la communauté internationale. D'autant que l'embargo s'est accompagné de graves manquements aux droits de l'homme comme l'ont rappelé les organisations de défense de droits humains telles Amnesty International et Human Rights Watch.
En conclusion du colloque, le professeur Mohamed Huneid a insisté sur la nécessité de soutenir le processus démocratique que le monde arabe a impulsé depuis quelques années. Soulignant le caractère brutal et illégal des mesures prises par l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Égypte, il a rappelé la nécessité de défendre les libertés fondamentales comme la liberté de la presse en défendant le droit pour la chaîne Al Jazeera de poursuivre son travail d'information.