Dimanche 21 mai, L'Observatoire du Qatar publiait un article dans lequel il revenait dans le détail sur cette affaire. Alertés par l'article d'un chercheur américain du think tank The Washington Institute for Near East Policy (Winep), de nombreux internautes avaient en effet exprimé leur colère et stupéfaction de voir un tel révisionnisme géographique être exposé dans un lieu célébrant la culture. La gravité de l'acte était d'autant plus vive que la carte était exposée dans la section réservée aux enfants. Heurtées, les autorités du Qatar ont d'ailleurs vivement réagi notamment par la voix de cheikha al-Mayassa al-Thani, patronne de l'Autorité des musées de l'émirat, qui s'est publiquement émue sur Twitter d'une telle dérive.
La polémique a enflé durant tout le week-end puisque d'autres internautes, cette fois d'origine omanaise, ont précisé que la carte s'était rendue coupable d'une autre erreur manifeste. D'après eux, la plaine de Moussandam, située au nord des Emirats arabes unis et faisant face à l'Iran sur le détroit d'Ormuz a elle aussi été victime d'un faux puisqu'elle a été incorporée sur le territoire émirien alors qu'elle fait partie intégrante d'Oman. Dans une région du monde où les querelles autour des frontières ont souvent été le prétexte à des conflits meurtriers, ce nouveau dérapage a beaucoup irrité d'autant que certains ont fait remarquer sur les réseaux sociaux que cette maladresse à l'endroit d'Oman de la part d'Abou Dhabi n'est pas la première du genre.
Ce qui, par contre, est nouveau est la récupération à des fins politiques de la notoriété d'établissements culturels à la réputation mondiale comme le Louvre. Alors que le musée français pensait faire la preuve, avec l'ouverture de son antenne dans le monde arabe, de sa capacité à élargir les frontières de l'entre-connaissance, d'aucuns estiment qu'il s'est fait "piéger" par des autorités émiriennes dont l'hostilité au Qatar vire à l'obsession. Cité par le journal Le Monde, le politologue Alexandre Kazerouni affirme même que « la partie française n’était pas informée de cet achat, dont on ne sait toujours rien des dessous. Signe que le pouvoir émirati s’est approprié politiquement le musée. »